20 juin 2008
Intervention de Rita Dionne-Marsolais lors de l’adoption du projet de loi 22 Loi modifiant diverses dispositions législatives concernant Montréal
Intervention de Rita Dionne-Marsolais lors de l'adoption du projet de loi 22 Loi modifiant diverses dispositions législatives concernant Montréal
Débats de l’Assemblée nationale
Le vendredi 20 juin 2008
(non révisé)
Mme Dionne-Marsolais: Merci, Mme la Présidente. Alors, j’avais pensé ne pas m’exprimer sur ce projet de loi, mais à écouter la ministre des Affaires municipales, Mme la Présidente, j’ai décidé d’intervenir parce que, quand la ministre dit que ce projet-là est historique, ce n’est certainement pas un projet historique pour la métropole du Québec, c’est peut-être un projet de loi historique pour le Parti libéral. Pourquoi? Parce que, Mme la Présidente, les villes défusionnées de Montréal se sont exclues de Montréal et elles ont eu pour ce faire la bénédiction du gouvernement libéral, non seulement la bénédiction, mais, avec ce projet de loi, elles vont avoir une prime à la performance par une facture de 30 millions qui va être réduite de leurs comptes de taxes.
C’est toute une récompense, Mme la Présidente, toute une récompense pour des gens qui empêchent Montréal de devenir la métropole que nous voulons qu’elle devienne. Alors, quand la ministre nous dit que nous ne défendons pas Montréal, je lui réponds: Nous défendons les citoyens de Montréal qui sont nos électeurs, nous défendons les citoyens qui acceptent de partager leur contribution à la métropole de Montréal. Ce n’est pas le cas des villes défusionnées.
Et je trouve scandaleux – j’utilise les mêmes termes que la ministre; scandaleux – que l’on donne 30 millions de réduction de taxes par année à vie à ces municipalités. Et comment on le fait, Mme la Présidente? On le fait en retirant un certain nombre d’équipements qui normalement devraient bénéficier à tous les Montréalais. Alors, à partir de janvier 2009, la compétence sur les réseaux artériels ne sera plus de compétence d’agglomération. Alors, Sherbrooke, de Maisonneuve, René-Lévesque ne seront plus des réseaux qui seront financés par les villes défusionnées, mais bien par le gouvernement du Québec par cette prime à la performance de 30 millions. Mme la Présidente, j’ai regardé la liste des équipements qui vont être soustraits. Le Centre d’histoire de Montréal. Alors qu’on ne vienne pas nous dire que les gens des villes défusionnées sont des montréalais. La chapelle historique du Bon-Pasteur, le Musée de la Pointe-à-Callière, le Bureau du cinéma, et j’en passe, il y en a une longue liste, et tous les festivals ou les fêtes, excluant le Tour de l’île. Mme la Présidente, nous n’allez pas me faire accroire que les gens des villes défusionnées comme Westmount n’utilisent pas Sherbrooke, ça traverse leur ville, de Maisonneuve, ça traverse leur ville, René-Lévesque, ça traverse leur ville. Dorchester, bien sûr, parce que là-bas, c’est Dorchester. Alors, Mme la Présidente, c’est triste, c’est triste de nous faire dire par les députés de l’ADQ et par la ministre qu’ils défendent Montréal parce qu’ils défendent les villes défusionnées, pas Montréal. Et je comprends, moi, et je félicite le maire Tremblay d’avoir négocié une compensation parce qu’il avait bien compris que le gouvernement libéral de garder sa métropole intègre. On donne un chèque aux citoyens des villes défusionnées pour le reste des années à venir, 30 millions par année sur 10 ans, ça fait 300 millions, sur 20 ans, ça fait 600 millions mais qui pensez-vous qui va payer ça, Mme la Présidente? On va l’enlever au budget du ministre des Affaires municipales. Alors, le budget des Affaires municipales, c’est pour toutes les autres villes du Québec aussi. Alors, qu’est-ce qu’ils ont, ces citoyens-là, de si exceptionnel si ce n’est que leur rébellion à s’associer à Montréal? Voyons donc, ça n’a pas de bon sens. Moi, je vous dis, ce n’est pas une bonne nouvelle pour les Montréalais, ce n’est pas une bonne nouvelle. Et qu’est-ce qu’on va dire aux citoyens des villes comme Outremont qui, eux, veulent participer à Montréal…
C’est une mauvaise nouvelle, Mme la Présidente, que ce projet de loi, pas tout le projet de loi mais cette partie-là. Soustraire des équipements collectifs, soustraire des comptes de taxes de villes défusionnées qui sont, il faut se le dire, qui sont quand même des villes très riches. Quand je me promène dans Rosemont – peut-être que la ministre pourrait venir faire un tour une fois de temps en temps – qu’est-ce qu’on me dit? Qu’est-ce qu’ils ont ces gens des villes défusionnées à ne pas vouloir être Montréalais? Qu’est-ce qu’on leur a fait? Pourquoi ils ne sont pas fiers d’être Montréalais? Alors, ils sont fiers d’utiliser le mot Montréal mais ils ne sont pas fiers de s’associer aux Montréalais. C’est ça, la difficulté. Et ça me fait bien de la peine. Alors, je termine en disant que ce geste-là, ce geste-là, il isolera des villes défusionnées de notre métropole. C’est une insulte à l’intelligence des Montréalais. C’est un prix pour acheter des villes défusionnées, ce n’est pas un scénario gagnant-gagnant pour les Montréalais et le reste du Québec. C’est peut-être un scénario gagnant-gagnant pour le Parti libéral et les villes défusionnées.
Ce projet de loi-là, c’est un projet de loi extrêmement partisan, et c’est probablement le plus partisan que j’ai vu dans cette Assemblée depuis mes 14 années comme députée de Rosemont, une circonscription montréalaise. Je conclus, Mme la Présidente, en disant: De quel côté nous logeons, le Parti québécois? Je vais répondre à la question de la ministre: Nous logeons du côté des Montréalais, de tous les Montréalais. Merci.
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