7 janvier 2011

Mon voyage en Inde 2010

Un voyage d'un mois en Inde en novembre 2010 fut une expérience fascinante. Cet article le décrit....

En novembre 2010 j’ai eu le bonheur de faire un voyage extraordinaire en Inde avec une ancienne collègue de l’Assemblée Nationale, Lucie Papineau (députée de Prévost 1997-2007).  Après une longue recherche et une démarche rigoureuse j’ai contacté une agence locale du nom de « services international » mais que l’on peut également retrouver aujourd’hui sur le Web sous le vocable « make your own trip – India ».

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Grâce à cette agence et aussi à des amis de Delhi nous avons pu préparer un itinéraire intéressant qui nous a conduit de Delhi vers le Rajasthan et ensuite jusqu’à Agra, Khajurâho et Vârânasî en Uttar Pradesh.

Le vol vers Delhi depuis Montréal est long et très fatiguant.  Nous avons quitté Montréal le soir pour Amsterdam (6+ heures de vol) d’où nous prenions un autre avion pour Delhi environ quatre heures plus tard (8 heures de vol).  Les deux avions étaient complets.  Heureusement grâce à deux sièges d’allées nous avons pu avoir un peu d’espace pour bouger.  Les vols ont été sans histoire et KLM demeure à mon avis, l’une des meilleures compagnies aériennes pour des vols longs courriers…

Arrivée à Delhi l’inquiétude et la curiosité étaient au rendez-vous.  Un climat très différent de celui du Québec il va sans dire.  Une chaleur humide mais pas trop étouffante à cette période de l’année et à cette heure avancée nous a accueillies dès notre descente d’avion.  Heureusement grâce aux derniers jeux du Commonwealth un mois avant, le nouvel aéroport de Delhi est aujourd’hui moderne, propre et clair.  Aucun dépaysement pour les nord-américains que nous sommes si ce n’est la langue hindi incompréhensible et l’anglais parlé par plusieurs de manière très difficile à comprendre également.

Notre agence était à l’accueil à l’arrivée de même que les amis de Delhi.  C’est une joie d’être accueilli par des amis et rassurant de voir les représentants de notre agence également.  Ensemble nous partons pour l’appartement de nos amis en suivant leur voiture à travers des routes sinueuses.

La route jusqu’à Gurgeon en banlieue de Delhi est cahoteuse, bruyante et achalandée même à cette heure tardive (22heures).  On se croirait dans une ville bombardée.  L’air est pollué, les rickshaws (une bicyclette à trois roues à pédales avec un siège recouverte d’un toit derrière le chauffeur), les triporteurs appelés tucks tucks (une sorte de véhicule à moitié fermé à trois roues  avec siège derrière le chauffeur), les camions et les voitures se disputent la route.  La conduite est plus que sportive et les indiens n’ont pas encore visiblement compris le code de la route s’ils en ont un.  D’ailleurs le métier de chauffeur dans ce pays est un métier que l’on apprend sur le tas et cela se voit…  On conduit à quatre de front sur une route faite pour deux voitures.  Le klaxon est l’outil de prédilection pour les voitures comme la sonnette pour les rickshaws.  Il ne faut pas avoir le cœur fragile pour regarder la route mais on s’habitue et on évite de regarder devant.  De toute façon l’environnement est tellement différent pour un occidental que tout est à voir!  Tout est étonnant.

En arrivant chez nos amis on règle le solde de notre voyage auprès du représentant de l’agence avec nos cartes de crédit car nous n’avions pas voulu donner toutes nos informations de crédit par courriel.  Les indiens sont très accommodants.  Plus tard nous apprendrons que dans la religion hindoue il faut toujours faire plaisir aux visiteurs et attirer la reconnaissance pour gagner des sortes d’indulgences qui serviront en fin de vie dans le bilan des bonnes et des mauvaises actions.  En effet,  les hindous croient à la réincarnation et si leur vie n’a pas été assez généreuse ils devront  revenir sur la terre pour la reprendre et pas toujours sous une forme agréable.  C’est un peu bref comme commentaire mais cela traduit l’idée générale.

En rentrant à l’appartement nous  remettons les produits québécois apportés pour les amis.  Nous causons et partageons le verre de l’amitié.  C’est réconfortant après ce long voyage.  Un peu plus tard, mais très tard pour nous, nous nous retirons chacune dans notre chambre avec notre propre salle de bain.  L’appartement est vraiment très confortable, dans l’une de ces grandes tours récentes avec tous les services incluant le tennis, la piste de jogging et la piscine… Ils se trouvent juste en face d’un club de golf privé (Links) que j’aurais bien aimé visiter…  Il y a d’ailleurs plusieurs clubs de golf à Delhi tous plus verts les uns que les autres.  Les britanniques savaient profiter de la vie dans un pays où il est possible de jouer au golf pratiquement à l’année et même en soirée!… Étonnant pour un pays où l’électricité est très coûteuse et l’eau plutôt précieuse…

Après une bonne nuit de sommeil bien appréciée nous découvrons les habitudes de la maison.  Après le petit déjeuner et la lecture du journal « Times of India » nous sommes prêtes pour la découverte de Delhi!  D’abord un saut dans Gurgeon où se trouve l’appartement.  C’est une banlieue au sud de Delhi où logent plusieurs étrangers et des indiens plus fortunés, ainsi que des filiales d’entreprises occidentales surtout des centres de traitement de données ou de services administratifs.  Cela me fait penser à l’ouest de l’île de Montréal.

Nous apprenons que nous sommes à quelques jours du Diwali, fête du jour de l’an hindou.  La coutume veut qu’il y ait échange de cadeaux à cette occasion.  Pour nous faire connaître et mieux comprendre l’Inde, nos amis ont prévu une visite dans la famille d’un employé pour le lendemain dimanche.  Il faut donc acheter des cadeaux soit de jolies boîtes de noix variées.  Pour ce, nous visitons un premier petit centre commercial dans Gurgeon et on en profite pour découvrir quelques commerces locaux et les principaux fournisseurs.  Nous observons le boucher avec le couteau entre les orteils, le ou plutôt les nombreux cordonniers, les tailleurs, les barbiers de la rue et l’épicerie moderne où les locaux s’approvisionnent.

Ce qui est frappant c’est le sourire des gens, leur gentillesse, leur intérêt envers nous.  Nous pensons que c’est parce qu’ils reconnaissent nos amis mais nous constaterons tout au long du voyage que cela est une caractéristique de ce peuple accueillant envers les étrangers.  Une première exploration de Delhi en voiture nous permet d’apprendre que pour entrer dans Delhi chaque voiture doit  payer une taxe.   C’est d’ailleurs le cas à chaque fois qu’une voiture entre dans une autre province.

Aujourd’hui Delhi est la capitale de l’Inde et le centre politique et commercial de l’Inde.  Mais cela n’a pas toujours été le cas.  En fait il y a eu au moins huit villes de Delhi au fil des siècles dont le vieux Delhi et la nouvelle Delhi.  La première ville a été érigée par les Rajpoutes (hindou) au 8ième siècle.   Dans le dernier royaume hindou du début 12ième siècle Delhi gravitait autour du monument Qutb Minar (dans le sud du Delhi d’aujourd’hui). Le vieux Delhi au nord de la ville a par la suite été une capitale à la fois sous les Moghols et les différents sultanats (musulmans) selon les conquêtes.  Au 14ième siècle sous le dernier sultanat elle fut même la ville la plus riche du monde.  Le pouvoir du sultanat décline par la suite et est remplacé par l’empire moghol fondé au 16ième siècle par Babur qui règnera sur le nord de l’Inde. Delhi sera toutefois repris par le roi perse Nadir Shah au 18ième siècle.

C’est lors d’un saccage effrayant de Delhi en 1739 par les perses sur les Moghols que le célèbre diamant Kohinoor (le plus gros au monde) a été exposé.  Ce célèbre diamant fait maintenant partie des joyaux de la couronne Britannique à Londres à la suite de la prise de la ville par les Britanniques  en 1803.

Néanmoins des comptoirs commerciaux avaient été établis à Delhi par Vasco de Gama en 1498 pour les Portugais suivis plus tard par les Hollandais, les Français et enfin les Anglais avec la « East Indian Company » qui chassèrent les Français du Bengale!  La domination de la Compagnie des Indes orientales se termine en 1857 alors que la Couronne britannique prend charge de l’administration du pays et nomme un vice-roi représentant la souveraineté de l’empire britannique en 1858.  Ce n’est toutefois qu’en 1931 que les Britanniques ont officiellement inauguré Delhi comme capitale impériale au détriment de Calcutta.

Notre première visite de Delhi nous fait voir certains monuments historiques comme l’Indian Gate, offerte par les britanniques en hommage aux 85 000 soldats Indiens morts  pour l’Angleterre lors de la première guerre mondiale.  Tout près se trouve l’allée bordée par les édifices gouvernementaux et au bout de laquelle siège le très grand palais présidentiel.  Cette rue se nomme le Rajpath et fait penser aux Champs Élysées sans les commerces.  Nous admirons la magnifique sculpture symbolisant la marche de Gandhi vers l’indépendance à un rond point important de la ville.  Nous reverrons d’ailleurs cette même sculpture ailleurs dans le pays.

Le vieux Delhi a conservé la mosquée du vendredi appelée Jama Masjid érigée en 1644.  De nombreux bazars et marchés se retrouvent autour de celle-ci qui à l’occasion du Diwali offrent toutes sortes d’objets, de tissus, de papiers, de soieries, de vêtements…  Une visite en rickshaw dans le vieux Delhi est fascinante et nous permet d’observer les écoliers en uniformes impeccables de couleurs différentes, et  tous plus souriants les uns que les autres.  Des foules partout et des femmes qui négocient des tissus ou autres objets domestiques et même des papiers de toutes sortes.  C’est l’occasion d’apprendre que nous sommes en pleine saison des mariages.

La coutume selon laquelle les parents choisissent les futurs époux existe dans 80 à 99% des mariages.  Quel que soit l’âge des enfants on discute entre parents et on évalue les chances de succès à partir des horoscopes de chacun des enfants.  On négocie les conditions du mariage, surtout en ce qui concerne la dote de la future épouse.   On fixe  la date de la cérémonie également selon les bons augures de l’horoscope.  Nous apprenons que l’amour vient après le mariage en Inde…

Comme la période de notre séjour était très propice aux mariages, d’immenses tentes éclairées et colorées pour l’occasion surgissent partout  à travers la ville.  Plusieurs magnifiques feux d’artifices éclatent dans le ciel pratiquement tous les soirs durant notre séjour, une coutume faisant partie des célébrations du mariage.  En même temps, le journal fait état presque tous les jours de femmes retrouvées mortes dans les champs, dans leur cuisine, sur les voies ferrées ou ailleurs.  Nous apprenons que si la dote convenue lors des négociations du mariage n’est pas complètement livrée le harcèlement de la nouvelle épouse peut conduire à la fin de sa  vie soit par suicide ou assassinat!

Ce phénomène de la dote crée un énorme désavantage pour les filles d’où le désir d’accoucher d’un garçon et les interruptions de grossesses qui s‘en suivent.  Cela inquiète à tel point le gouvernement qu’il fait de  la publicité sur la nécessité des femmes dans la société avec des slogans comme « que serions-nous sans les femmes ».  À première vue cette publicité fait sourire, mais quand on en comprend la raison d’être, elle inquiète.

Notre journée s’est terminée par la visite d’une grande exposition ou plutôt d’une foire de produits de toutes les régions de l’Inde au centre de Delhi.  Le retour à la maison est long et pénible avec des embouteillages continuels.  Heureusement il n’y a pas de péage pour sortir de Delhi…

Les expériences se poursuivent les jours suivant avec des visites dans le vieux Gurgeon où l’activité est fébrile dans les rues ou plutôt les ruelles qui sont de véritables fourmilières.  C’est notre première expérience des motos à 5 personnes, des enfants qui veulent se faire photographier, des bazars bondés et des policiers observant le tout dans la plus totale indifférence.  On remarque cette indifférence policière partout.  Ils attendent quelque chose avant d’agir, mais quoi?

Il semble que la corruption soit généralisée en Inde.  Elle existe dans toutes les sphères de l’administration publique.  Des policiers jusqu’aux membres des gouvernements (provinciaux ou fédéral).  On rapporte des cas de corruption tous les jours dans les journaux.  D’ailleurs durant notre séjour deux ministres étaient sur la sellette pour avoir « fait fortune » durant la période préparatoire aux jeux du Commonwealth venant de se terminer.  Un ministre a d’ailleurs démissionné durant notre séjour.  Cette corruption serait un vieil héritage de l’ère britannique.  En effet, depuis l’existence de la Compagnie des Indes orientales, les britanniques considéraient l’Inde comme le « joyau de la Couronne » car les recettes dégagées en Inde conféraient une véritable prospérité à l’Angleterre.  La corruption faisait rage parmi les officiers britanniques, gouverneurs compris et les habitudes n’ont pas changé au moment de la prise de contrôle par le gouvernement britannique.  Ces habitudes seraient bien ancrées dans la vie indienne et constituent encore aujourd’hui le plus gros frein au développement de ce pays.

Durant ce premier séjour à Delhi on découvre l’opulence et l’indigence.  L’opulence de l’hôtel Méridien où nous avons pris le lunch avec l’élite indienne.  L’indigence dans les nombreux abris de fortune bordant les rues de la ville et dans le vieux Delhi où nous avons pris un bon repas authentiquement indien chez « Karim », le plus vieux restaurant de Delhi recommandé dans tous les guides.  La misère est moins apparente  que je ne l’aurais cru probablement parce que  le Président des Etats-Unis est attendu et visiblement on a fait le ménage pour l’accueillir!  Comme dans tous les pays en voie de développement, le luxe des grands hôtels est inversement proportionnel à la misère des pauvres installés le long des rues et surtout près des hôtels de grand luxe.

Vers la découverte de l’Inde des Maharajahs – le Rajasthan

Sous le règne colonial, le Rajasthan s’appelait « Rajputana » ou terre des Rajpoutes.  Les « Raja » ou « fils des rois », étaient des guerriers nomades venus s’installer dans cette région.  Il était fragmenté entre plusieurs royaumes marqués par ces puissants « fils des rois » qui se réclamaient de la lignée légendaire du Soleil, de la Lune, ou du Feu.   Ce n’est qu’au 16ième siècle que la prospérité des rajpoutes a commencé à décliner alors que des Afghans, des Turcs, des Perses, et des Moghols envahissaient tour à tour cette région.  Malgré cela, le Rajasthan a résisté aux Anglais quand ces derniers s’emparèrent du Bengale en 1757 mais perdirent graduellement de leur pouvoir.   À l’indépendance en 1947, 23 des 36 souverains s’unirent pour former l’État du Rajasthan, « la terre de Rajas ».

Après ces quelques jours à Delhi, nous sommes à l’aise dans ce pays à découvrir et nous quittons le matin avec notre chauffeur Sikh dans une jolie voiture de marque « ambassador » blanche impeccable.  Nous constaterons plus tard qu’il s’agit de la même voiture que les véhicules officiels du gouvernement!  Notre chauffeur est à l’heure.  Il se nomme Ram Singh.  Il est à première vue austère et sérieux mais, comme tous les indiens il a un sourire attachant.  Après les salutations d’usage nous nous informons des conditions de conduite, de la route, de la température …

La communauté Sikh forme environ 2% de la population indienne.  Depuis sa création par un gourou (Nanak) au 15ième siècle cette religion découlant de l’hindouisme a développé une identité propre facilement reconnaissable.  Coiffés d’un turban, les sikhs portent tous le nom final de Singh (lion).  Ils ne se coupent jamais les cheveux, laissent pousser la barbe et considèrent comme une obligation de porter un « Kara », sorte de  bracelet métallique. Ils s’opposent au système de castes, et comme l’Islam, ils rejettent le culte des idoles mais reconnaissent les notions de « karma » et de renaissance.  Dans leurs rituels, les sikhs sont très proches des hindous et les mariages entre les deux communautés sont fréquents.  Selon la doctrine du « karma » (actions personnelles) le statut, voire la forme, de notre prochaine vie dépend de nos actes durant notre existence en cours.

Nous quittons Gurgeon pour le Shekhavati avec pour destination Nawalgarh.  Ce sera le lieu de notre première nuit.  En route nous apprenons que pour conduire en Inde il faut trois choses: « good brakes, good horn and good luck ».  Nous espérons que la voiture aura les deux premières qualités et que le chauffeur possédera la troisième.

En route nous passons Faradabad avec ses bidonvilles, une petite ville au sud  de Delhi que nous avons déjà visitée avec nos amis pour découvrir la vie d’une famille type.  Nous y avons visité une maison et le village et avons pu en apprendre beaucoup sur les conditions de vie indienne.

La route est très mauvaise et cahoteuse à souhait.  En route nous observons les femmes aux champs dans leurs saris de toutes les couleurs et souvent avec des enfants qui courent à côté.  Une campagne vibrante de vie où les femmes transportent du bois, des urnes généralement remplies d’eau et toutes sortes d’autres choses sur leur tête. Quelques hommes tirent les chameaux pendant qu’une femme dirige la herse dans le champ.  Malgré l’école obligatoire, plusieurs enfants travaillent au champ soit parce que la famille a besoin de leurs bras, ou que l’école n’est pas accessible à cause de la distance ou tout simplement par manque de place.

Partout il y a des temples consacrés à différents dieux: Vishnu à la tête de serpent, Gamesh à la tête d’éléphant, Hanuman à la tête de singe, et Shiva avec son symbole phallique.  Avec la déesse Lakshmi à la tête de hibou ce sont les divinités que l’on retrouve le plus souvent.  Vishnu est le plus grand des dieux celui de la vérité et de la vertu.  Il prend les apparences de Krishna, Rama et de Bouddha.  Sa femme Lakshmi est la déesse de la prospérité.  Shiva est le dieu de la vie.  Malgré les nombreux commentaires des guides, ce sont les principaux dieux  dont nous avons retenu les qualités dans l’éventail des millions de dieux.

Les Indiens sont très religieux et chaque hindou se signe quand il croise un temple sur sa route.  L’hindouisme est la seule religion dont il n’existe aucune trace du fondateur et qui ne possède aucun livre saint qui fasse véritablement autorité.  C’est une religion très individuelle qui accepte la validité de plusieurs chemins menant au même but.  Parallèlement à cette tolérance subsiste encore aujourd’hui une adhésion aux distinctions entre castes.

Jusqu’au début du vingtième siècle, le Shekhavati était sur la route des caravanes assurant le commerce de l’opium, du coton et des épices.  Il reliait les ports du Gujarat au centre de l’Inde.  Ce fut une région prospère jusqu’à ce que les ports de Calcutta et de Bombay prennent le relais de ce commerce.  Les  riches marchands habitant ces régions y ont bâti des demeures luxueuses appelées « Haveli » aujourd’hui abandonnées au profit de Calcutta ou de Bombay.   Ils y ont construit aussi des cénotaphes, des réservoirs, des temples décorés de fresques entre 1760 et 1920.   Tous les bâtiments sont sculptés dans la pierre et décorés de fresques encore bien conservées notamment à Nawalgarh, Dundlod, Mandawa et Fatehpur.

Aujourd’hui ces marchands et leurs familles ont quitté ces Haveli  mais en sont encore propriétaires. Heureusement certains laissent des occupants pour que ces demeures ne se détériorent pas trop.  C’est curieux de visiter ces immenses demeures alors que les gens de la maison vaquent à leurs occupations: cuisine, ménage, et travail sur ordinateur pour les autres.  Certains y vendent même des produits artisanaux en tissu ou en bois, faits par eux ou par d’autres.  On nous dit que ces villes sont habituellement peu animées mais comme nous sommes en pleine préparation du Diwali, la ville est très active avec vendeurs, autobus locaux et touristiques, acheteurs ambulants…  C’est incroyable de voir toute cette animation, ces klaxons, ces cris, ces motos partout… et la foule!  Nous sommes très heureuses de rentrer dans notre Haveli en fin de journée, un hôtel de charme où nous dormirons confortablement deux soirs… Cela fait du bien après tant de route.

C’est un des rares Haveli convertis en hôtel à Nawalgarh.  Ce fut une belle expérience. Cette demeure carrée très haute avec une cour centrale exposée à l’air libre et des quartiers réservés au commerce au salon du rez-de-chaussée, d’autres aux femmes aux étages (zenana), d’autres aux domestiques et aux étrangers offrent des terrasses sur le toit pour les soirées chaudes.  Aujourd’hui on sert les repas du soir sur la terrasse quand il fait trop chaud et le reste du Haveli est converti en chambres, salons. bars, fontaine …  Un séjour dans un autre temps!

Le lendemain nous quittons pour Bikaner et le désert de Thar.  La route est beaucoup plus belle.  Les champs semblent plus riches que ce que nous avons vu à date.  En effet, les cultures de légumes, de fruits et d’arachides abondent.  Cette année la mousson a été bonne.  Il a plu beaucoup et donc les champs sont très verts.  Toujours autant de gentillesse, de sourires, de femmes élégantes en sari travaillant aux champs et actives en ville pour les achats du Diwali.

La bonne qualité de la route est due à la présence de l’armée dans la région de Bikaner.  La proximité du Pakistan force l’Inde à maintenir une forte présence militaire dans la région du désert de Thar à Bikaner comme à Jaisalmer.  C’est une région très sensible.  L’impact de l’armée enrichit la région par le revenu régulier des militaires.  C’est définitivement une région avec un niveau de vie plus élevé qu’ailleurs à cause de ces emplois réguliers et de ces tours d’appartements réservés aux officiers.

Datant du 15ième siècle la forteresse de Bikaner est magnifiquement bien conservée.  Bikaner  n’ayant jamais connu la guerre on peut y voir dans le fort de Junagarh les écuries des chevaux et des éléphants, les jardins immenses et les sculptures du palais de Lalbagh, les temples et la splendeur du Durbar Hall ainsi que de nombreux Haveli dans la vieille ville.  La pierre admirablement sculptée et le bois travaillé sont pratiquement impeccables avec des fresques toutes plus belles les unes que les autres.  Le dernier maharajah mort en l’an 2000 n’a laissé aucun héritier mâle et sa fille, la princesse de Bikaner ne peut pas devenir maharajah.  Il n’y a donc plus de maharajah à Bikaner.  Notre hôtel Héritage Resort à Bikaner est magnifique et la cuisine y est superbe.  On en profite pour nager un peu car la piscine est bien attrayante après les visites.  Nous avons fait quelques beaux achats de pashmina (poil de gorge d’antilope) et soie, des châles, une miniature…  Les achats sont importants dans les visites en Inde pour laisser de l’argent directement dans les communautés!!!  On nous le fait comprendre clairement et souvent.

Le 5 novembre c’est le jour du Diwali ou jour de la lumière.  Nous partons pour Jaisalmer.  Nous y séjournerons deux nuits.  C’est un Heritage Inn avec un beau jardin et une superbe piscine.  Cela nous fera du bien car la route est fatigante même si elle est distrayante. C’est toujours amusant de lire à l’arrière des camions « please blow horn » ce qui doit être fait pour dépasser en sécurité relative.

Des animaux en liberté se baladent sur la route longue de 350 Km entre Bikaner et Jaisalmer.  Il y a des chameaux bien sûr mais aussi des antilopes, des chèvres, des moutons, des vaches, des chiens, des paons, des cochons sauvages, et toujours ces femmes aux saris colorés…

La forteresse militaire ocre, à notre arrivée, rougit au fur et à mesure que nous avançons vers elle et que le soleil descend.  C’est une forteresse qui fait penser à Carcassonne mais en beaucoup plus grand.  Nous profitons de notre arrivée pour visiter un groupe de cénotaphes des familles royales magnifiquement conservés à la porte de Jaisalmer.  On décide de prendre un apéritif  de l’autre côté de la rue pour observer le coucher du soleil devant la forteresse sur la terrasse d’un hôtel confortable avant de rentrer dans le nôtre.  Jaisalmer est la terre des descendants des princes de la lignée du dieu « Lune ».  C’est la plus ancienne capitale rajpoute.

Le lendemain, notre guide est écrivain et professeur.  Il nous expliquera le système des castes ou « varna » en hindi qui signifie également « couleur ».  Les brahmanes, dont il fait partie, sont les prêtres.  Les ksatriya sont les guerriers.  Les vaishya sont les marchands et négociants et les shudra sont les paysans.  Enfin, les intouchables ne forment pas de castes mais s’occupent des déchets et des tâches dont personne  ne veut s’occuper.

Notre guide prend sa journée de congé au lendemain du Diwali pour nous faire découvrir sa ville.  Comme la veille il y avait partout des feux d’artifices et les lampes à l’huile ayant brûlées toute la nuit la ville est sale mais calme après la fête.  On se promène dans la forteresse en grès jaune de Jaisalmer, on visite des Haveli extraordinairement sculptés dans la pierre du désert (Sandstone).  On visite également des temples jaïns du 12ième au 15ième siècle.

Nous arrêtons à un réservoir où une arche « sacrée » sert de porte d’entrée.  Cette arche abritait la demeure d’une célèbre danseuse (prostituée) qui y recevait des invités.  Ses activités au-dessus d’un ghât au bord d’un réservoir que l’on disait sacré étaient très contestées.  Le maharajah pour maintenir la paix a donc décidé que cette arche serait « sacrée » éliminant ainsi la cause de la discorde.  Une solution tout à fait indienne!  L’arrêt à la boutique de bijoux cette fois, à cause du riche passé marchand de cette ville, termine la visite.  J’achète un magnifique poignard ancien en argent.  Il me rappellera les rajpoutes et les dangers de la route des épices, de l’opium et du coton.  Je me gâte d’un bracelet en argent et turquoises typique de la région.

En fin de journée nous allons admirer les dunes de sables du désert de Thar à dos de chameau sous un soleil blanc de début d’hiver en terrain hautement militarisé aux portes du Pakistan!  Ce soir-là après un bon repas nous assistons à un spectacle de danse assez particulier.  Après observations attentives et quelques échanges nous comprenons qu’il s’agit d’un eunuque!  Quand nous en parlons avec notre guide le lendemain, celui-ci semble contrarié et hausse les épaules…

L’Inde compterait 750 000 transsexuels ou « hijra ».  Ils vivent généralement rassemblés en petites communautés sous la direction et la protection d’un gourou.  Plusieurs seraient hermaphrodites et beaucoup seraient castrés.  Ils vivent dans les villes et gagnent leurs vies comme artistes bien que beaucoup se prostitueraient.  Ils auraient le pouvoir de jeter un mauvais sort particulièrement efficace!   Il semble que la tradition des eunuques soit bien antérieure aux «zenana» (harems) moghols et même le « Kamasutra » (le livre ou code des plaisirs sexuels) indiquerait des positions spéciales convenant uniquement aux «hijra»!

Le lendemain, en route vers Jodhpur, la ville bleue, nous croisons beaucoup de vaches sur la route.  Selon notre chauffeur, les vaches font office de policiers sur les routes en Inde.  En effet, elles ralentissent la circulation.  C’est une réflexion typiquement indienne!  Cette région est plus peuplée avec plusieurs villages.  Avant d’entrer dans Jodhpur nous arrêtons à Vishnoy devant un grand édifice qui abrite des tailleurs travaillant des tissus magnifiques.   On nous dit qu’il s’agit d’une coopérative de la région où les femmes déposent les produits qu’elles fabriquent.  J’y fait l’achat d’un couvre-lit en pashmina et soie avec le design de  « l’arbre de vie » fait pour Hermès (nous dit-on) et deux pièces de vêtements qu’ils coudront pour nous selon nos choix de tissus et de modèles.  Le tout sera livré à notre hôtel d’Udaipur quelques jours plus tard.  J’ai l’impression d’avoir aidé une communauté!

Le fort de Meherangarh à Jodhpur est impressionnant.  On le rejoint après avoir traversé sept portes!  Sur les murs de l’une d’elle, nous voyons des empreintes de mains.  Ce sont celles des « sati ».  Ces veuves des maharajahs brûlées vives sur le bûcher funéraire de leur époux.  Encore aujourd’hui, les veuves n’ont pas de statut en Inde (ni les veufs d’ailleurs) or au décès du maharajah, ses épouses s’enlevaient la vie en s’immolant sur le bûcher où brulait le corps de ce dernier en conformité aux rites mortuaires hindous.  L’interdiction de cette coutume par les britanniques a été perçue comme une grave ingérence dans une coutume séculaire!

Le palais de ce plus grand fort de l’Inde est encore partiellement habité.  C’est un véritable musée où les pièces sont bien aménagées et les présentations de qualité.  Du haut de la forteresse on voit bien les toits bleus de la ville et c’est d’ailleurs la seule fois où nous aurons l’occasion de comprendre l’origine « bleue » de Jodhpur!  En regardant les nombreuses peintures ou dessins du palais nous observons que le visage des différents souverains est toujours le même quelle que soit l’époque.  Il semble que le visage des souverains n’ait jamais été peint à son image avant l’époque de l’empire britannique!  À l’extérieur de la ville un cénotaphe a été érigé par une Maharani (épouse du Maharajah) pour son époux.  On l’appelle aussi le petit Taj à cause de la qualité et de la provenance du marbre ainsi que de la finesse de l’architecture d’inspiration  à la fois arabe, indienne et chrétienne.  Notre hôtel Sheeram International n’est pas aussi beau que les autres même s’il est très confortable.

Ensuite c’est le départ pour Ranakpur et les forts du Mewar.  Ranakpur c’est le lieu des plus beaux temples jaïns dont celui de Risabji arborant 1444 colonnes de marbre sculptées différemment et le Temple du soleil avec d’autres sculptures admirables!  Après cette visite fascinante nous poursuivons notre route vers les sommets des montagnes du Mewar et la forteresse de Kumbalgarh.  En effet, l’hôtel prévu à Ranakpur est complet et l’agence nous a installées dans un autre hôtel dans les montagnes.  Avant de nous y rendre nous avons pris un repas dans un magnifique jardin de l’Hôtel Maharani Bagh Orchard.

La route de montagne vers Kumbalgarh est ardue et dangereuse par endroit.  Elle est d’ailleurs en construction et la circulation est très difficile surtout quand on rencontre des autobus que ce soit un autobus local ou touristique.  Au bout de ce chemin tortueux sur lequel nous voyons des puits de montagne, des temples et des marchés locaux, nous atteignons un oasis de paix juste aux portes du fort considéré comme imprenable de Kumbalgarh.

L’hôtel Aodhi appartient au maharajah d’Udaipur et fait partie du groupe HRH (His Royal Highness).  Il est absolument étonnant.  Il se trouve caché dans la montagne au cœur d’une réserve naturelle.  La chambre que l’on nous a réservée s’appelle « les tigres ».  Une magnifique suite de luxe avec salon, antichambre, salle de bains et balcon dans la verdure avec vue sur la piscine plus bas.  Le matin, les singes viendront nous saluer sur la terrasse.  On a l’impression d’être « Alice aux pays des merveilles »!  Cet hôtel assez grand donne pourtant l’impression d’être tout intime car toutes les zones sont dispersées à travers le site.  Aussi au repas du soir nous sommes étonnées de constater le nombre de salles à dîner.  La cuisine indienne ici est allégée pour nos goûts occidentaux.  C’est le seul endroit où nous avons pu avoir du vin français de grande qualité : un bordeaux grand cru classé Graves 2005!  Un pur plaisir pour le palais.

Avant le repas du soir, notre chauffeur nous fait découvrir un haut plateau non loin de la forteresse d’où nous pouvons observer le spectacle impressionnant de sons et lumières qui s’y déroule en Hindi.  C’est la raison pour laquelle nous n’avons pas assisté au spectacle directement dans la forteresse.  La vue lointaine est encore plus impressionnante même sans suivre le détail de l’histoire que nous devrons lire dans nos guides car nous quittons le lendemain pour Udaipur et nous ne visiterons pas la forteresse.  Heureusement que j’avais ma lampe de poche car la noirceur de la nuit même à une heure assez  tôt en soirée (19:00 heures) est inquiétante sur ce plateau en pleine forêt.  Dans le noir un homme est assis sur les marches du plateau.  Il est enveloppé dans une couverture et échange quelques mots en Hindi avec notre chauffeur.  Il est difficile à voir dans le noir.  Il s’agit du gardien de ce site ouvert au public justement pour observer l’extraordinaire forteresse de Kumbalgarh.

On quitte cet endroit superbe de Kumbalgarh le matin à la pluie.  La route est tortueuse jusqu’à la route nationale.  Le long de cette dernière on voit d’autres puits à ciel ouvert, des barrages, des réservoirs, et on croise des enfants en route pour l’école ainsi que des dames toujours chargées de paquets sur la tête.

Arrivés à Udaipur notre hôtel est en ville tout près du City Palace.  C’est encore un hôtel du groupe HRH, le Garden.  En plus des chambres et des restaurants il abrite le garage de la collection de voitures du Maharajah d’Udaipur.  On peut d’ailleurs le visiter.  Notre chambre est beaucoup plus petite que les précédentes bien que confortable.  C’est la première fois que nous logeons  en pleine ville.  Il y a des avantages mais aussi des inconvénients quant au bruit.  Nous y séjournerons deux soirs.

Udaipur est une ville ravissante avec une succession de temples, de palais, de cénotaphes et de lacs.  Ses souverains sont de la descendance des princes du dieu « soleil ».  Visiblement les souverains qui y régnaient étaient visionnaires à en juger par les innovations d’approvisionnement en eau notamment.  D’ailleurs sous le régime colonial, le Maharana (titre honorifique supérieur au tire de Maharajah) du Mewar résidant à Udaipur était le chef reconnu des 36 États du Rajputana.  Udaipur c’était la maison royale du Mewar et ses habitants hindous n’ont jamais cédé devant l’envahisseur musulman.

Une balade en bateau sur le Lac Pichola nous permet d’observer le célèbre Lake Palace Hôtel anciennement la résidence d’été des souverains.  Nous débarquons pour prendre le thé et visiter l’île de Jag Mandir, où il y a également un hôtel où plusieurs souverains ont séjourné dans le passé.  Le soir venu nous avons assisté au spectacle de sons et lumières au Palais, en anglais cette fois. Nous avons pu faire le lien entre l’histoire de l’Inde et le Mewar.  Une histoire qui se complétera au fur et à mesure de nos prochaines visites.  La ville compte trois lacs ou plutôt trois grands réservoirs construits de mains d’homme où la population locale se retrouve pour se reposer, flâner, se baigner et même laver le linge.  Cette année les réservoirs sont très pleins à cause de la généreuse mousson.

Les palais d’Udaipur abritent encore la famille royale et le « Maharana ».  Ce dernier titre signifie « jamais vaincu ».  Le palais est très bien entretenu.  Nous y apprenons que le grand-père de l’actuel Maharana était paralysé des jambes et avait fait aménager un étage pour lui seul.  Il est décédé 7 ans après l’indépendance de l’Inde d’une grande tristesse et d’une grande honte.  Il avait accepté (comme les autres souverains de l’époque) de céder son royaume au bénéfice de la construction du nouveau pays unifié soit l’Inde d’aujourd’hui.  La constitution indienne reconnaissait des droits et des privilèges spécifiques aux souverains des différents royaumes mais les représentants des gouvernements ultérieurs ont tôt fait de ne pas les respecter.  Aussi le Maharana d’Udaipur avait tellement honte d’avoir cédé son royaume qu’il n’a jamais plus voulu sortir de ses appartements jusqu’à sa mort en 1954.

Notre visite nous entraîne dans la vieille ville pour voir le temple Jagdish datant du milieu du 17ième siècle.  Nous y apprenons qu’un temple hindou a toujours 5 niveaux : le niveau des musiciens, symbolisant le ciel, celui des humains symbolisant la terre, le niveau de chevaux symbolisant  la force, celui des éléphants symbolisant la prospérité et le niveau des chats et des panthères symbolisant l’imagination et contre le mauvais sort.  Tous les temples présentent des dessins faisant état de cette hiérarchie.  Notre guide nous informe aussi que l’expression « Udai » veut dire descendant du dieu « soleil » et « pur » signifie « capitale ».  Du même coup on nous explique que toutes les villes de l’Inde dont la terminaison est « bad » ont été fondées par les musulmans.

Notre visite de la ville se termine par une promenade au jardin juste en face de notre hôtel d’où probablement le nom de l’hôtel. Ce jardin anciennement réservé aux femmes exclusivement, avait été aménagé par le souverain pour sa fille et ses compagnes afin qu’elles puissent profiter de la nature en toute sécurité.  On y trouve, une flore variée et intéressante avec une piscine et des sculptures magnifiques.  Notre journée se termine au bazar avec ses ruelles étroites et ses nombreuses boutiques, vendeurs ambulants, dentistes, barbiers…

Nous quittons Udaipur pour Pushkar.  En route nous faisons un petit détour par  Nagda à la suggestion de notre chauffeur qui nous en parle comme d’un petit trésor caché.  Il pleut un peu et malgré cela nous parvenons à visiter quelques temples hindous du 10ième siècle et jaïns du 15ième siècle en rénovation.  En pleine campagne, nous sommes les seuls visiteurs sous ce temps un peu maussade…  Mais la visite valait le détour et les singes étaient bien contents de nous voir!

Après quelques hésitations nous demandons à Ram Singh de passer par Chittorgarh . Pour cela il faut prendre une route différente de celle qu’il avait prévue.  Mais comme tous les indiens, si cela nous fait plaisir, alors il prendra cette route malgré le mauvais temps.  Il s’agit d’une autoroute très achalandée par des nombreux camions comme nous nous en rendrons compte plus tard.

La forteresse de Chittor a une histoire bien particulière qui nous intéresse.  C’est un autre fort du Mewar considéré comme imprenable.  Ce fut la première capitale du Mewar au13ième siècle.  La citadelle de Chittor est très belle, assez bien conservée et bien gardée par une foule de singes plus ou moins accueillants.  À ce stade-ci on a compris que « garh » signifie citadelle!

La légende ou l’histoire, la distinction étant très floue entre les deux en Inde, raconte que le puissant sultan de Delhi de l’époque avait eu vent de la beauté exceptionnelle de la princesse Padmini épouse du maharana de Chittor.  Il avait exigé de la voir.  Selon la coutume, celle-ci refusa de se présenter devant un homme autre que son mari.  Pour ne pas contrarier le sultan elle avait subtilement utilisé un jeu de miroirs pour permettre au sultan de la voir de loin sans avoir à lui faire face.  Mal lui en prit, car le sultan ému par sa beauté était d’autant plus décidé à la ramener dans son harem.  Ainsi en 1303, malgré une courageuse lutte par les soldats Rajpoutes du maharana le sultan réussit à prendre la citadelle avec ses  troupes après un long siège resté célèbre.  Pour ne pas être pris et avoir une chance de revenir, le maharana  avait fui laissant les femmes du « zenana » derrière lui.  La princesse et ses compagnes réalisant l’échec des troupes ont refusé le déshonneur et optèrent pour le suicide collectif  appelé « johar ».  Cette coutume s’est répétée à quelques reprises dans l’histoire du Rajasthan.

Sur la route vers Pushkar nous observons une circulation extrêmement dense avec des files de camions tous plus lourds et chargés les uns que les autres.  Cette autoroute est celle qui mène de l’état du Gujarat, l’un des plus industrialisés et des plus riches de l’Inde jusqu’à Delhi.  Nous sommes toujours dans la période de congé du Diwali et beaucoup de plaques du Gujarat témoignent également du tourisme en cours dans le Rajasthan à cette période de congé du Diwali.

C’est aussi la période de la foire aux chameaux de Pushkar attirant des milliers de visiteurs.  La pluie est forte en après-midi et les arrêts sur cette autoroute sont médiocres et axés sur les besoins des camionneurs.  Inutiles de noter que nous avons mangé du riz pour le lunch!  En effet, cette région est très religieuse, Pushkar étant une ville sainte importante.  Le végétarisme est donc de mise partout.  En plus Pushkar est une ville sèche (sans alcool).

Notre hôtel, le Jagat Palace, est colonial et l’un des rares hôtels luxueux de Pushkar.  Notre chambre est spacieuse et belle mais plutôt vieillotte avec un système électrique datant des années cinquante au mieux.  L’éventail au plafond est bruyant et me tiendra éveillé toute la nuit.  Notre balcon donne sur la piscine mais il faut un peu d’imagination pour la voir tellement les jardins sont denses quoique magnifiques.  La salle à dîner est superbe, très coloniale et la cuisine excellente.  L’hôtel semble complet.

Pushkar étant une ville sainte hindoue notre guide est un prêtre brahmane.  C’est sa première expérience de guide nous dit-il.  Indulgentes nous le questionnons et essayons d’avoir un peu d’informations.  Son anglais est médiocre et visiblement il ne comprend pas bien.  Après une visite de ce vaste marché à ciel ouvert  qu’est la ville où on ne peut consommer ni œuf, ni viande, ni alcool mais qui offre des ruelles couvertes de boutiques de toutes sortes au bout desquelles se trouvent des temples hindous, dont le plus ancien dédié au créateur Brahma, nous arrivons au lac sacré.  Des centaines de fidèles s’y baignent, prient ou s’y lavent aux ghâts (escaliers descendant vers l’eau) qui le bordent.   Notre guide nous demande de faire une contribution pour le maintien de ce lieu sacré.  Il est tellement insistant que nous donnons une contribution malgré les conseils du matin de la part de notre chauffeur.

Ensuite notre guide nous amène  visiter la boutique du gouvernement (emporium) où je me laisse tenter par une tunique blanche à la mémoire de Brahma et nous décidons de rentrer, bien déçues de cette visite.  Notre guide ne nous a même pas conduit à la foire dont tout le monde nous a parlé mais nous a fait passer par des ruelles avec latrines à ciel ouvert dont l’odeur n’invite pas à la flânerie! En fait, cette visite est la moins intéressante de tout notre parcours et je crois que c’est parce que notre guide n’en était pas un et peut-être parce qu’il y avait un monde fou dans ces petites ruelles!

Au retour à l’hôtel je me suis replongée dans l’autobiographie de la dernière maharani de Jaipur intitulée « A princess remembers » de Devi Gayatri, morte il y a deux ans  à l’âge vénérable de 92 ans et qui fut membre du parlement de l’Inde indépendante avec une majorité de 125 000 notée dans le livre des records Guinness!  Un livre passionnant qui nous prépare à notre visite du lendemain.

La route entre Pushkar et Jaipur est longue, embourbée et le temps est pluvieux.  Nous sommes bien heureuses d’arriver à Jaipur et à notre hôtel moderne écologique, bien située et  très confortable avec un luxe fort apprécié.  The Fern est un hôtel en hauteur et très élégant avec un excellent restaurant et un bar sympathique.

Le lendemain notre guide Schelly nous fera découvrir la seule ville indienne conçue par un urbaniste en 1728 avec de belles avenues très larges et des parcs reposants.  Jaipur est la capitale du Rajasthan.  « Jai » ou « ville de la victoire » est qualifiée de ville rose depuis 1883. Elle avait été  repeinte de la couleur traditionnelle de l’hospitalité alors qu’elle accueillait le prince Albert en visite.  Depuis cette date le règlement municipal oblige toutes les constructions à afficher une devanture rose comme le palais des vents le « hawa Mahal » datant de 1799 près du mur de l’enceinte extérieur du palais royal.   Construit pour les femmes du palais vivant en « purdah » (en isolement), cette simple façade rose ajournée de 953 niches ou fenêtres leur permettait d’observer le spectacle de la rue sans être vues.  Ce palais est l’emblème de Jaipur dans tous les documents touristiques.

La montée vers le fort d’Amber se fait à dos d’éléphant.  Une expérience que je trouve amusante mais que Lucie n’a pas appréciée.  C’est vrai que l’on se fait balloter un peu et que nous sommes assises de travers dans des fauteuils fermés avec un petite barre pas trop sécuritaire.  Notre éléphant était plus vieux mais  rapide et plutôt sympathique avec ses décorations!   Le palais est encore aujourd’hui la résidence de la famille royale.  D’ailleurs durant notre séjour le mariage de l’une des princesses de Jaipur avec un prince d’un autre royaume a fait la une des journaux.

Quand le drapeau flotte au vent au dessus du toit du palais, c’est que la famille royale est présente au palais.  Entièrement privé ce palais recèle de trésors tous plus magnifiques les uns que les autres.  Les maharajahs qui s’y sont succédé étaient très cultivés et instruits en astronomie, en science, en architecture  et en mathématiques comme en témoigne les nombreux musées et salles d’exposition.   Appréciés de son peuple c’est le maharajah de Jaipur qui a donné le terrain pour la construction de la nouvelle Delhi.  C’est aussi lui qui a construit un observatoire à Delhi et à Jaipur pour que la population se familiarise avec la science en particulier l’astronomie.  Il en a aussi fait construire à Mathra, Ujjain et Varanasi.  Enfin c’est le dernier Maharajah de Jaipur, champion joueur de polo, qui a concerté les autres maharajahs au moment de l’indépendance de l’Inde pour assurer la construction de son pays.

C’est aussi sa deuxième épouse, la dernière maharani de Jaipur qui s’est présentée en politique après l’indépendance et a ouvert les premières écoles pour les filles.  Elle espérait qu’en instruisant les filles des familles des nobles plus résistantes au changement, cela aurait pour effet d’intéresser les familles des autres groupes sociaux à envoyer leurs filles à l’école publique qui suivrait.  C’est est l’auteur du livre « Une princesse se souvient » dont j’ai parlé plus tôt, maintenant traduit en français et en vente à la boutique du palais.

Après notre séjour à Jaipur nous filons vers Fatehpur Sikri et Agra.  Sur la route nous traversons Mala, un village de prostituées à 55 km avant Agra en venant de Jaipur.  Ces jeunes filles très jeunes et fortement maquillées, assises ou couchées sur des lits, grands comme des tables, le long de la route plus ou moins à l’abri des intempéries sous de tentes de fortune, s’offrent aux camionneurs ou aux routiers. La prostitution est illégale en Inde, mais tolérée au bon vouloir des policiers sans doute.

D’ailleurs la police dans ce pays est généralement relaxe.  Sauf exception elle ne semble pas très portée sur le maintien de la paix.  Son plus gros défi est de gérer la circulation et ce n’est généralement pas un succès.  On nous a dit d’ailleurs que l’une de leurs activités principales était de chercher à recevoir des « pots-de-vin » sous toutes sortes de prétextes.  À les voir nonchalants je commence à le croire.

Nous quittons le Rajasthan pour l’Uttar Pradesh vers Agra.  Étonnamment chaque province possède un poste de péage pour y entrer par la route.  Aussi il faut traverser une autre de ces semblants de frontières.  Avant d’arriver à Agra nous faisons une visite à Fatehpur Sikri la capitale impériale d’Akbar.  Akbar est le petit fils du fondateur de l’empire Moghol en Inde.  C’est à lui que l’Inde doit la plupart de ses institutions et orientations politiques fondamentales.

Akbar a hérité du pouvoir à 13 ans et fera progresser son empire de 1556 à 1605.  Pour asseoir son empire il épousera les filles de plusieurs maisons Rajpoutes et respectera leurs coutumes. Il bâtira un empire qui durera deux siècles.  Bien qu’illettré il encouragea les arts et respecta les différents cultes.  Avec 300 épouses et 5 000 concubines il laissa ses femmes hindoues pratiquer leurs rites.  Fin politique et redoutable guerrier, il contrôla le nord et le centre de l’Inde, ainsi que la majeure partie de l’Afghanistan.

La montée vers le fort d’Akbar en triporteur est intéressante car les vestiges sont bien conservés .  On apprend que le choix de Sikri comme capitale impériale est dû au saint Chishti qui aurait prédit à Akbar qu’il aurait trois fils.  La prédiction s’étant matérialisée, Akbar établit sa capitale à Fatehpur Sikri.  Le palais et la mosquée royale abritant le corps de Chishti sont impressionnants.  Le temple de Chishti donnerait la fertilité aux femmes!  On constate le confort de l’époque.  Ce palais est construit en grès sculpté provenant de la colline de Fatehpur qui veut dire « ville de la victoire ».  Akbar n’aurait habité Fatehpur Sikri que 14 ans à cause d’une pénurie d’eau.  Ce palais allie de manière déconcertante et magnifique, l’architecture hindoue et  musulmane.

Son fils Jahangir et son petit fils Shah Jahan ont poursuivi l’expansion et la consolidation de l’empire.  C’est à ce dernier que l’on doit le Fort rouge (à Delhi) et le Taj Mahal.  Arrivée à Agra, dans la dernière capitale impériale d’Akbar, nous nous rendons à notre hôtel le Howard Plaza où notre journée se termine par un excellent repas sur la terrasse du toit de notre hôtel!  Tout simplement féérique d’où l’on peut voir le Taj Mahal au loin.  Cela augure bien pour cette visite tant attendue de deux jours .

Une belle journée de visite à Agra nous conduit à travers les rues de cette cité des empereurs qui garde un cachet de cité médiévale.  Cette ville a connu son apogée sous les trois empereurs moghols de Akbar jusqu’à Shah Jahan en passant par Jahandir.  L’histoire de l’Inde est très liée à Agra.   Le fort d’Agra sur les berges de la Yamuna est en pierre de grès de taille rouge feu, comme le fort rouge de Delhi, alors que le Taj Mahal est en marbre blanc.  Ce dernier, un condensé d’architecture moghole figure sur toutes les publicités de ce pays.  C’est la photo de la première page de ce texte.

Ce témoignage à l’amour a été érigé par l’empereur Shah Jahan pour abriter la sépulture de son épouse chérie Mumtaz Mahal.  Elle a été sa véritable compagne qui l’accompagna dans ses campagnes militaires et le soutint dans le gouvernement des affaires de l’État durant 19 ans de vie commune au cours desquelles elle lui donna 13 enfants dont 7 survécurent.  Elle est décédée à la naissance de son treizième enfant en 1631.  Il ne s’en est jamais remis et lui fit construire ce monument en marbre blanc incrusté de pierres semi-précieuses (lapis-lazuli, jade, nacre,  …) avec des proportions d’une simplicité étonnante et d’une beauté envoutante. La construction se déroula de 1631 à 1648!

Le coût de sa construction a fait l’objet de beaucoup de critiques à l’époque en particulier de la part de l’un de ses quatre fils, Aurangzeb qui le lui reprochait.  Il a réussi à déposer son père et prendre la direction de son empire.  Le corps de l’empereur repose dans ce monument à côté de celui de celle qu’il avait aimée.  Avant d’être emprisonné par ce troisième fils, Shan Jahan avait fait construire une nouvelle ville à Delhi en 1638 où dix ans plus tard son fils Aurangzeb déménageait la capitale.

Ensuite une visite au fort d’Agra s’imposait pour comprendre les intrigues familiales.  En effet, le fort d’Agra a été construit par Akbar (grand-père de Shah Jahan).  À son apogée, ce fort aurait compté 500 édifices dont il ne reste que la partie principale du quartier des femmes avec une architecture indienne correspondant aux besoins des épouses indiennes de l’empereur Akbar.  Ce fort est encore très imposant et on peut y visiter les chambres des femmes dont la qualité, la grandeur et la richesse artistique varient selon l’affection que l’empereur Akbar leur portait.  On peut aussi visiter la chambre de l’empereur déposé (petit fils d’Akbar) Shah Jahan, richement décorée de fresques et de sculptures avec vue sur le Taj Mahal!  Son fils Aurangzeb l’avait enfermé dans ces appartements après avoir assassiné ses frères  et être monté sur le trône.  Magnanime il lui offrait de contempler jusqu’à sa mort le monument érigé pour celle qu’il avait tant aimée!

Avant de terminer notre visite d’Agra nous avons visité celui qu’on appelle le petit « baby Taj » précurseur du Taj Mahal.  Construit entre 1622 et 1628 par la fille (Nur Jahan) du premier ministre de l’empereur Jahangir (fils d’Akbar) et également épouse de Jahangir (père de Shah Jahan).  Ce tombeau était la première construction de la région totalement en marbre et en « pietra dura » avec un fin travail de dentelle de marbre.  En effet Nur Jahan dotée  d’un sens artistique certain avait fait ériger pour son défunt père un magnifique tombeau avant le Taj Mahal, plus sobre mais tout aussi beau, bien que moins richement décoré que le Taj Mahal.

En fin de journée nous sommes allées observer le Taj Mahal de l’autre côté de la Yamuna pour voir le marbre changer de couleur au fur et à mesure que le soleil diminue pour finalement disparaître.  Un spectacle magnifique qui colore le Taj Mahal du blanc pur du matin, au beige, au jaune puis au rose de fin de journée!

Au lendemain de ces visites romantiques nous prenons la route pour Khajurâho, un incontournable de l’Inde. Pour nous y rendre nous devons prendre le train depuis Agra jusqu’à Jhansi.  Malheureusement nous n’arrêterons pour voir Gwalior et c’est bien triste.  Quand on va en Inde il faut faire des choix car il y a tant à voir.  Mais je regrette de ne pas être arrêtée à Gwalior dont la forteresse perchée sur la colline est superbe et qui, semble-il a conservé la plupart de ses faïences bleues d’origine (probablement hollandaise ou chinoise)  avec l’un des plus beaux musées de sculptures du pays.  Des amies espagnoles rencontrées sur le train et revues à la fin du voyage en ont été éblouies!

Le voyage en classe « exécutive » jusqu’à Jhansi était très agréable avec un service de grande qualité à bord.  À l’arrivée une voiture nous attendait avec un chauffeur un peu énervé mais se montrant très gentil.  Il nous a proposé de nous arrêter en route à Orcha et de prendre le lunch à cet endroit.  Après vérification des distances et surtout du temps requis nous acceptons.  Quelle heureuse idée.

Orcha est une ville emblématique du Madhya Pradesh (province où nous nous trouvons).  C’est une ville médiévale à environ 120 km de Gwalior.  Elle est sise sur les berges de la rivière Betwa et ses murailles, ses temples et le palais se dessinent dans un paysage gracieusement vallonné.  L’architecture de ce complexe mêle les styles hindou traditionnel, indo sarrasin et moghols le tout richement décoré et merveilleusement conservé.  Le site abrite aussi un hôtel qui semble magnifique.  Le peu de visiteurs rend cette visite encore plus agréable.  Ensuite nous prendrons un excellent repas composé d’un sandwich au poulet vraiment bon,  à un très bel hôtel voisin, propriété du maharaja local!

Enfin nous prenons la route vers Khajurâho un peu impatientes car le temps file.  Notre chauffeur n’a pas la discrétion de Ram Singh et parle beaucoup trop.  Il nous questionne sur notre appréciation de sa conduite, arrête pour payer les droits en entrant dans chaque nouvelle province mais prend plus de temps que le temps normalement requis et surtout revient en empestant la cigarette.  Plutôt contrariées nous lui demandons de se concentrer sur la route, mais il continue à vouloir causer et même nous offre de rencontrer son fils.  Après un « non » bien senti, il se concentre un peu plus…

La lumière baisse et la route est de plus en plus encombrée de troupeaux de moutons, de vaches, de chèvres qui rentrent au bercail quand ce n’est pas la charrette tirée par le chameau ou l’âne.  Le trajet est long, dangereux et désagréable à cause de la conduite de cet énergumène.

Nous arrivons à l’hôtel Clarks vers 19 heures, très contrariées et maussades.  Heureusement le représentant de l’agence est là, souriant et fin diplomate s’occupe de tout notre enregistrement pendant que l’on sirote la boisson offerte à l’accueil.  Après les conventions d’usage concernant les visites du lendemain et le départ pour Varanasi nous nous rendons à notre chambre.  Elle est spacieuse et confortable et donne sur un beau jardin dont nous ne connaîtrons la qualité que le lendemain matin!  Après un bon gin dans le bar de l’hôtel on se déplace vers la salle à dîner où le buffet très bon et  la vue sur la piscine nous réconcilient avec la vie.

Le lendemain matin notre guide Raby nous apprend que Madhya Pradesh veut dire « cœur de l’État » ce qui fait plein de sens puisque la province se trouve en plein centre du pays.  Évidemment le site de Khajurâho constitue l’un des plus beaux sites de cet État.  Il fut découvert en 1838.  Ce site remonte à la dynastie Chandela et compte plusieurs temples dont l’attrait est dû à ses sculptures érotiques. Ces sculptures dépeignent aussi la vie quotidienne des habitants et de la cour au 10ième et 11ième siècle.  Elles sont fascinantes.

Des 85 temples d’origine il n’en reste que 22.  Juste à côté se trouve le musée archéologique  très éducatif.  Tout le site est très beau et bien entretenu.  Les temples sont passionnants à observer que ce soit le groupe de l’ouest ou de l’est.  Khajurâho est une ville agricole à 50% et touristique pour le reste.  Notre guide nous expliquera les enseignements du Kamasutra qui s’étale sur les façades de ces temples.  Ces temples sont très bien restaurés et présentent des scènes de plaisir et d’humour le tout dans un cadre de vie de tous les jours.

Nous apprenons que le sexe est une partie importante dans la vie des indiens!   Ces temples étaient la façon d’expliquer aux hommes et aux femmes venant prier aux temples les différentes possibilités pour atteindre le plaisir sexuel sublime et avec, un état de félicité ou une sorte de transe divine!  Cette explication a été répétée plus d’une fois quand des sculptures érotiques ornaient les différents temples hindous ou jaïns partout où nous sommes passées et pas seulement à Khajurâho…

En fin de journée nous prenons l’avion pour Varanasi où nous passerons deux jours.  Bien que le représentant de l’agence ne pouvait pas entrer dans l’aéroport  avec nous il avait tout arrangé de sorte que nos cartes d’embarquement étaient prêtes et nos sièges bien choisis.  Un service hors pair.  Cela est très utile dans les aéroports indiens généralement très achalandés et où il n’est pas toujours évident ni de comprendre les directives ni de se faire comprendre!

Après un vol sans histoire nous atterrissons à Varanasi où encore une fois le représentant de l’agence nous attend et nous conduit à notre voiture où nous accueille un chauffeur jeune, sympathique et dévoué.  Nous sommes de retour dans la province  de l’Uttar Pradesh.  À l’hôtel Hindustan International près du centre de la ville nous sommes accueillies avec les sourires d’usage par le personnel de l’hôtel.  C’est seulement la seconde fois qu’une femme est au comptoir de l’hôtel!

Notre guide arrive également et nous offre d’assister aux cérémonies du soir bien que cela ne soit pas compris dans notre forfait.  Après nous être informées de l’intérêt de la visite nous décidons de suivre les conseils et d’y aller même si le lendemain il faudra se lever très tôt pour assister aux cérémonies du matin!

Varanasi est la fusion de deux mots Varuna et Assi qui sont deux rivières qui se jettent dans le Gange.  C’est la partie la plus sacrée du « fleuve mère ».  C’est ainsi que l’on réfère au fleuve Gange qui coule du sud au nord entre la ville sur la rive ouest et les champs sur la rive à l’est.  Sous l’empire britannique la ville se nommait Bénarès et son ancien nom est Kasi.  Elle a 4 000 ans d’âge et est le lieu saint de l’hindouisme comme du bouddhisme.  C’est le saint des saints sur les rives du Gange.  Avec ses nombreux ghâts et ses galis (passages allées) nous sommes au cœur de l’Inde religieuse.  Pour les hindous, Varanasi c’est la patrie du dieu Shiva qui veut dire « heureux auspices »  ou encore « joie ».

Mourir à Varanasi sur les berges du fleuve Gange permet d’atteindre  le « moksa » soit la fin des cycles de la réincarnation (renaissance).  Selon les croyances hindoues, la vie humaine se déroule en quatre phases : de 0 à 25 ans, c’est la connaissance, de 25 à 50 ans c’est la prospérité et l’acquisition de richesses, de 50 à 75 ans, c’est le plaisir et au-delà de 75 ans c’est la fin vers la renaissance.  La mort fait partie du quotidien en Inde et à Varanasi nous le sentons vraiment.  Tous les soirs il y a une cérémonie bruyante et étonnante au bord du fleuve pour honorer la mère Gange.

Notre guide vient nous chercher vers 18 heures. Une partie de la distance se fait en voiture mais au centre de la ville il faut absolument marcher ou prendre un rickshaw pour se rendre au ghât.  Notre promenade est distrayante.  En effet, notre guide est particulièrement posé et nous demande de la suivre doucement à son pas.  Tout le monde le salue et nous avons l’occasion d’observer une foule de pèlerins et quelques touristes qui se rendent au même endroit que nous.  Nous n’avons pas assez d’yeux pour voir toutes les boutiques de soie et de  produits de toutes sortes qui bordent la rue dans laquelle nous marchons.  Au fond d’une boutique, une vache est calmement couchée et observe le va et vient de la rue.  Cela nous fait éclater de rire évidemment mais pour les indiens c’est tout naturel.

Arrivés au ghât, des scènes sont érigées pour la cérémonie du soir. Nous prenons une barque qui nous attend et  partons découvrir les bords du Gange à la tombée de la nuit.  Le pilote guide le bateau à la rame qui glisse doucement sur le fleuve sacré pendant que notre guide nous indique les temples de Shiva, de Hanuman et au loin les minarets de la mosquée érigée par l’empereur moghol Aurangzeb sur le site d’un temple hindou et hautement protégée par les militaires, comme nous le constaterons le lendemain.

En route vers les sites de crémation nous procédons à nos propres offrandes, un lampion déposé dans une sorte de soucoupe et qui flottera sur le Gange jusqu’à ce que notre vœu soit exaucé!   Arrivés aux sites de crémation nous assistons à une cérémonie qui débute.  La crémation est un moment heureux pour les hindous.  Seuls les hommes sont admis car les femmes sont trop sensibles devant la mort et risqueraient de pleurer!

À la suite d’une procession le corps du défunt enveloppé d’un linceul blanc est descendu par les marches du ghât pour être ensuite plongé dans le Gange afin d’être purifié.  Ensuite le fils ainé ira voir le prêtre pour acheter la flamme éternelle qu’il détient après une négociation très serrée et très importante.  Il négociera aussi le coût du bois requis pour le bucher funéraire.  Ce coût peut être très élevé et doit être négocié au ‘juste prix » pour tous.  Tout le bois est bien mesuré et pesé de sorte que la négociation est très précise.  Ce rite funèbre est très important pour que le défunt soit libéré du cycle de réincarnation.  Ensuite le corps est déposé sur le bûcher pour être brûlé.  Cette étape est la responsabilité des intouchables pendant que les amis et parents se réjouissent et chantent.  Une fois le corps en cendres, ces dernières iront dans le Gange en tout ou en partie et seront dispersées dans la nature.

Ce rituel s’applique à tous les morts sauf les femmes enceintes et les enfants dont on jette le corps directement dans le Gange car leur vie étant interrompue il est nécessaire qu’ils se réincarnent.  Les personnes décédées à la suite d’une morsure de serpent sont aussi jetées dans le Gange parce que leur corps peut être mort mais leur âme meurt plus tard.  Enfin notre guide nous informe que toute famille hindoue a obligatoirement trois personnes-ressources: un barbier, un laveur de linge et une sorte d’embaumeur…

Après cette cérémonie émouvante en pleine noirceur devant un bûcher encore en feu, nous rentrons doucement vers le ghât central où doit se ternir la cérémonie du soir.  En débarquant sur la berge nous avançons vers un endroit au-dessus des scènes où déjà des prêtres s’affairent à allumer des lampions et des grands chandeliers pour ensuite faire sonner des clochettes, chanter des cantiques et virevolter sur leur scène respective.  Tout un spectacle!

Pendant ce temps-là, à nos pieds, trois ouvriers pieds nus font du ciment et comblent des trous sur le trottoir avec le ciment transporté dans des bassins plats.  L’un d’eux brasse le ciment à la main, l’autre  le transporte et enfin le troisième passe la truelle pour la finition.  Cela durera tout le temps que nous serons là.  C’est la vie normale au milieu de ce tintamarre!

Nous rentrons comme nous sommes arrivés, en marchant doucement dans la rue principale jusqu’au point de rencontre fixé avec notre chauffeur.  De retour à l’hôtel nous sommes épuisées, émues mais contentes d’avoir assisté à quelque chose de très inusité et surtout d’avoir compris ce qui se passait.  Nous marchons vers la salle à dîner sans trop parler et prenons quelques minutes avant d’échanger nos impressions.  Nous sommes toutes les deux très heureuses d’avoir vécu cette expérience même si le réveil demain sera à 5 heures du matin pour être au ghât avant le lever du soleil.

À peine réveillée nous descendons au ghât en pleine noirceur avec les touristes et surtout les pèlerins.  Il y a beaucoup moins d’activité qu’hier soir car les commerces ne sont pas encore ouverts.  Nous prenons encore une fois une barque pour longer les rives du Gange.  Il y a plus de 35 ghâts à Varanasi et sur chacun il y a des centaines de gens qui plongent dans le Gange, s’y lavent, et se purifient.  Ces rites sont très importants et ont lieu tous les matins.  Il y a des jeunes, des moins jeunes et des très vieux.  En haut d’un ghât on voit des étudiants à la prêtrise en robe orange qui font leurs prières du matin.  Ces étudiants sont généralement des enfants pauvres qui s’engagent ou que les parents envoient parce que l’école y est gratuite.  Ils sont étonnamment jeunes!

Tout le long des berges se trouvent des temples, des ashrams ou des hospices pour ceux qui viennent mourir ici afin d’atteindre le « moksa ».   On voit des palais de Maharajah ou d’anciens palais dont un célèbre qui est en voie de conversion en hôtel de luxe!   Au fil de notre visite le soleil se lève doucement englobant la ville d’une douce luminosité dorée d’où émerge une ville qui s’éveille lentement.

En descendant de la barque c’est la visite dans les allées de Varanasi.  On se sent très voyeurs à marcher dans ces passages très étroits.  Les indiens procèdent à leurs activités matinales sans tenir compte de ces quelques touristes qui se promènent pratiquement dans leur maison!  Arrivés devant une petite entrée le guide nous informe que la présence militaire soudainement importante est due aux risques d’attentats terroristes sur le site de la fameuse mosquée d’Aurangzeb contestée parce qu’érigée sur le site d’un ancien temple hindou.  Cela nous retient et nous décidons de ne pas procéder à cette visite.  Les semaines suivantes, un attentat y faisait d’ailleurs quelques blessés…

Nous revenons à l’hôtel pour le petit déjeuner vers 9 heures pour repartir tout de suite après pour la visite de l’université de Bénarès (Varanasi).  C’est un campus magnifique, immense et recouvert de jardins et d’édifices séparés par des rues impeccables.  Cette université a été initiée par le premier Indien « révolutionnaire » à vouloir libérer l’Inde des troupes britanniques.  Sa statue se trouve à plusieurs endroits en Inde mais elle est rarement identifiée.   J’ai eu l’impression que l’on ne voulait pas parler beaucoup de cet homme et mes questions sont restées sans réponse…

De l’université nous nous dirigeons vers Sarnath à 6 km au nord de Varanasi au parc aux Cerfs où Bouddha aurait fait son premier sermon après avoir atteint  le « bodhi » à savoir, l’éveil.  Parmi les vestiges les plus remarquables de ce site figurent le Dhamekh Stupa où Bouddha aurait prêché, la colonne d’Ashoka et le tombeau où les cendres de Bouddha reposeraient.  Ashoka était l’empereur au 3ième siècle avant Jésus Christ qui ayant vu un champ de bataille jonché de cadavres fut tellement ému qu’il remit en question son ambition matérielle.  Il aurait trouvé ses réponses dans les enseignements de Bouddha et se convertit au bouddhisme.  Plusieurs prêtres et touristes thaïlandais visitent également ce site important du bouddhisme.  Le musée voisin est tout aussi intéressant et abrite le chapiteau aux lions de la colonne d’Ashoka devenu aujourd’hui l’emblème du gouvernement indien.

Le bouddhisme n’est pas une religion mais plutôt une philosophie remontant aux enseignements de Bouddha né sur les contreforts de l’Himalaya.  Fils de roi, l’astrologue royal avait prédit que ce prince du nom de Siddharta, se ferait mendiant et quitterait son royaume à la quête de la sagesse permettant de surmonter la souffrance.  Malgré l’isolement dans lequel son père l’avait gardé pour le protéger de toute vision déplaisante afin qu’il ne découvrit pas la souffrance.  Malgré le fait que son père l’avait marié à une princesse du royaume voisin qui lui donna un fils qu’il baptisa Rahula qui veut dire « obstacle ».  Bouddha découvrira les trois responsables de la souffrance : la maladie, la vieillesse et la mort.

Il quitte le palais seul à la recherche de la sagesse.  C’est en méditant sous un arbre qu’il atteint ll’éveil.  Le prince Siddhartha est désormais le Bouddha, ou l’éveillé.  Il prêchera les quatre nobles vérités de la pensée bouddhiste : la souffrance, l’ignorance, le désir et le nirvana (la paix, le silence).  Par le chemin de la mesure et de l’auto perfection, l’homme peut vaincre ses désirs et atteindre le nirvana, cet état transcendantal de libération absolue.  Il mourra à 80 ans (en 483 ans avant Jésus-Christ) non loin de son lieu de naissance après avoir passé les 40 dernières années de sa vie à voyager prêchant le message de l’amour, de la compassion, de la tolérance et de la retenue.  Ses dernières paroles auraient été : « Un bouddha ne peut que montrer le chemin.  Sois ta propre lampe.  Prépare ton propre salut avec assiduité ».

À la fin de nos visites, l’arrêt à une fabrique artisanale de soieries s’impose car Varanasi est la ville de la soie.  Après une visite des installations de fabrication d’hier et d’aujourd’hui, nous faisons quelques achats de pièces en soie absolument magnifiques.  De retour  à l’hôtel, le repos est bien mérité d’autant que le lendemain il faudra rentrer à Delhi.  La soirée se passe à faire le bilan de ce voyage dans un autre monde, à échanger nos impressions, à comparer nos compréhensions et à compléter nos notes.

Le retour sur Delhi passe par le vol que nous prenons au nouvel aéroport de Varanasi lequel n’est ouvert que depuis cinq jours!  Un aéroport ultra moderne où les ouvriers s’attardent encore à la finition.  Notre attente pour le vol a été longue car l’avion était en retard de deux heures.  C’est beaucoup mais apparemment assez courant en Inde  La sécurité à ce nouvel aéroport est lente et compliquée.   Deux rangées de contrôle, l’une pour les hommes et l’autre pour les femmes, n’accélèrent pas le traitement! On voit que tout n’est pas encore rodé.  Encore une fois ce sont les femmes qui font le ménage à l’aéroport et je repense à cette remarque d’un de nos guides quand je m’étonnais que l’on ne voie que des femmes au travail  « l’homme indien est paresseux, ici ce sont les femmes qui travaillent ».

À l’arrivée à l’aéroport de Delhi notre chauffeur nous ramène chez nos amis qui nous attendent pour souper.  Nous fêtons notre retour avec un autre couple de leurs amis qui quittent le lendemain pour rentrer au Québec.   Un souper animé, où tout le monde échange ses impressions!

Les derniers jours à Delhi sont encore plus intéressants que les premiers l’avaient été.  Nous visitons les jardins de Lodi où nous prenons le lunch du dimanche midi sur la terrasse d’un restaurant fort élégant et très bon au centre de ces magnifiques jardins urbains.  Notre promenade dans ces parterres fleuris avec des arbres immenses où les jeunes familles indiennes se baladent et s’amusent nous permet de visiter  les tombes octogonales de Muhammad Shah souverain du 15ième siècle et près d’un lac, celle de Sikandar Lodi (15 et 16ième siècle) période du règne des Lodi.

Nous prenons le métro durant deux jours pour poursuivre notre découverte de Delhi.  Après la visite de la Connaught Place tout à fait britannique, nous allons visiter la responsable de ce magnifique voyage à son agence.  Cette entreprise opérateur de tour nous a fait découvrir merveilleusement l’Inde des Maharajahs et mieux comprendre l’histoire de ce pays fascinant.  Nous voulons remercier Urmila Singh la gérante à qui nous devons toutes ces merveilleuses expériences et qui nous a suivies durant tout notre périple en communiquant avec nos chauffeurs.

Après un tour de rickshaw à partir d’une station de métro nous arrivons à l’adresse dont nous disposons et montons vers les bureaux dans une maison où travaillent une soixantaine de personnes plutôt jeunes et très sympathiques.  Surprise, Urmila y travaille depuis plus de 10 ans.  Elle est très heureuse de nous rencontrer et surtout de savoir que nous avons fait un beau voyage.  Nous apprenons qu’elle collabore avec plusieurs agences de voyage du Canada et que son équipe visite le Canada annuellement.  Nous réalisons combien nous avons eu de la chance d’avoir cette référence qui nous a fait un circuit à des prix de grossiste plutôt que de détaillant!

Très heureuse de notre visite nous poursuivons notre exploration de Delhi  en prenant durant une journée entière le « OHOH Bus » sorte de bus touristique qui fait le tour des principaux sites historiques de Delhi et que nous pouvons prendre et quitter à notre convenance toute la journée.  Les différentes guides (encore des femmes) nous permettent de découvrir davantage de la vie de cette ville.

Une sculpture présentant trois soldats, un de Jaipur, un de Jodhpur et un de Hyderabad, chacun orienté vers sa ville d’origine est particulièrement étonnante.  Nous apprenons que chaque province possède une résidence dite « des élus » où logent les élus de la province quand ils sont à Delhi.  Il y en a 19 au total.  Le musée national serait le plus beau des musées de Delhi, mais le temps nous manque pour le visiter.  Le temple Sikh avec son dôme d’or est le plus gros de Delhi juste à côté du plus gros bureau de poste de Delhi.

Nous pouvons voir les deux grands stades de sport de Delhi, très impressionnants et le site de crémation du Mahatma Gandhi, le Raj ghât sur l’ancienne rivière Yamuna aujourd’hui à sec.  Le fort Rouge où le Premier Ministre  prononce ses discours est semblable au fort d’Amber que nous avions trouvé si beau et comme lui il abrite encore l’armée. Juste en face un temple jaïn est aujourd’hui converti en hôpital pour oiseaux.  Nous passons devant la grande mosquée du vendredi de Jama Masjid, la plus grande de l’Inde avec 25 000 places. On apprend que 50% de la population de Delhi est musulmane.

Après la cour suprême de l’Inde avec son musée nous revoyons l’Indian Gate. C’est curieux et amusant de voir toutes ces tables autour des cours de justice en Inde qui servent de bureaux pour les nombreux avocats en recherche de clients!  Nous observons de loin le musée d’art moderne dans Jaipur House, le musée des enfants, le vieux fort et le jardin Zoologique.  Après un repas de grand luxe à l’hôtel Oberoi nous visitons la tombe de Humayun, en grès rouge nichée dans un jardin magnifique sur un site important et en voie de restauration.  On y apprend que les femmes musulmanes pouvaient être « Sultan » au décès de leur mari et que l’une d’elle est enterrée dans ce complexe.  Ensuite, nous pouvons voir le temple Lotus, un temple Bahaï assez récent (1986) tout en marbre en forme de fleur de lotus; c’est un lieu de pèlerinage important pour les bahaïs.  Nous visitons aussi Qutb Minar avec son pilier de fer datant du 4ième siècle et encore impeccable ce qui montre que leur connaissance des métaux était très avancée.

Enfin, on termine notre journée en célébrant l’anniversaire de naissance de notre ami qui a choisi un superbe restaurant chinois dans Gurgeon.  L’excellent repas a aussi été partagé avec son épouse et son adjoint un beau jeune homme indien qui travaille tout en poursuivant son MBA ce qui n’est pas rare en Inde où les jeunes ont beaucoup d’ambitions dans un pays où l’avenir leur appartient visiblement.

Enfin, notre dernière soirée à Delhi nous a permis de visiter l’hôtel Impérial.  Nous avons pris un gin au bar avant de prendre notre souper avec nos amis dans l’élégant restaurant italien de ce magnifique hôtel colonial historique au centre de Delhi pour terminer en beauté notre visite extraordinaire dans un pays étonnant.  Un pays différent, ambitieux, truffé de coutumes et d’habitudes religieuses découlant des différents conquérants.  Les couleurs du drapeau indien traduisent d’ailleurs cette réalité où le safran représente l’hindouisme, le vert l’islam et le blanc toutes les autres religions.

Je termine ce récit en me rappelant une phrase lue à Delhi  que je n’oublierai plus « the only thing you cannot recycle is wasted time ».

Durant ce séjour trop bref dans un pays trop grand et trop complexe, je n’ai pas gaspillé de temps.  Et j’ai compris le sens du slogan de la campagne de publicité de ce pays fascinant :« Incredible India »!  Oui l’Inde est incroyable et fascinante.  Elle m’a changée.  Elle m’a donnée le goût de vivre mes prochaines années dans le « plaisir » qui convient à cette période de ma vie !

Référence :  Guide Gallimard, bibliothèque du voyageur INDE. Janvier 2009

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