28 octobre 2016

Mon voyage en mer la Baltique

Voyage en mer Baltique Juin-juillet 2016

Il y avait longtemps que les pays entourant la mer Baltique m’intéressaient.  La ville de St Pétersbourg me fascinait depuis la lecture du célèbre roman de Léon Tolstoï,  Anna Karénine, dont la lecture s’imposait dans nos cours de littérature.  Enfin, la littérature des pays nordiques, dont la littérature suédoise pour n’en nommer qu’une, trouvant de plus en plus sa place dans nos librairies (grâce aux talents des traducteurs), le désir de voir ces contrées lointaines devenait presqu’une obsession. En 2016 j’ai pu réaliser ce rêve de découvrir une partie du monde dont la découverte fut extraordinaire.

Parce que nous habitons un pays au climat semblable à celui des pays nordiques, on s’imagine que leur découverte ne sera pas trop excitante.  Aussi à mon départ de Montréal mon objectif premier était St Pétersbourg et son histoire fascinante.  Ce faisant je souhaitais bien sûr voir les capitales scandinaves pour me faire une idée de ces pays et en apprendre un peu sur leur histoire et leur économie.

Ma première découverte est l’existence d’une ligue « hanséatique ».  Cette association de cités  marchandes de la Baltique et de la mer du Nord remonte au Moyen Âge (du XII-XVIIe siècle) et a été constituée au départ par des villes allemandes défendant jalousement leur commerce.  L’ensemble des pays de la Baltique et de la mer du nord en ont fait partie à un moment ou à un autre.  Elle a été très puissante et contrôlait le commerce de toute la région.  À l’époque, colonisation et évangélisation était très liée.  Cette ligue serait très liée au prosélytisme catholique de l’époque.

Le vol Montréal-Frankfort-Copenhague s’est bien passé et les transferts se sont faits efficacement.  Copenhague possède un aéroport très efficace et le personnel  yest non seulement disponible mais également très sympathique.

Le point de départ et d’arrivée: Copenhague

Copenhague dont le nom (en danois) vient d’un déformation de l’expression « port des commerçants » est une belle surprise.  Bien sûr, le design danois est reconnu ayant  été très à la mode à la fin des années soixante.  Tous les jeunes de cette période (dont je faisais partie) se sont meublés en « danois » et le design moderne des choses de maison, de la coutellerie aux commodes en passant par la vaisselle ont fait partie de ma vie adulte.

À l’arrivée à Copenhague, la surprise d’être entourée de produits au design raffiné, tous plus beaux les uns que les autres est un pur plaisir.  La créativité de ce peuple comme le sourire et l’empathie de ses habitants nous amènent, littéralement, à vouloir en apprendre plus sur ce pays et ses gens magnifiques au propre comme au figuré!  Malgré le mauvais temps, car le ciel était bien bas à notre arrivée, il est impossible de rester à l’hôtel dans cette ville séduisante où l’eau est omniprésente.

Avec environ 1 million d’habitants Copenhague est à la fois le siège du gouvernement, du parlement et de la monarchie.  Elle est très cosmopolite .  C’est aussi le siège de la célèbre Carlsberg, cette bière danoise bien connue à travers le monde.   Ville qui doit sa naissance aux Vikings (Xe siècle) Copenhague était un village de pêcheurs.  Ce n’est qu’au XVIIe siècle que la ville prendra son essor sous le règne de Christian IV qui en fera l’une des grandes capitales d’Europe.  On dit de lui qu’il était raffiné et cultivé.  D’ailleurs comme beaucoup de Danois d’aujourd’hui, Christian IV parlait plusieurs langues dont l’allemand, le latin, le français et l’italien en plus du danois bien sûr.

Beau frère du roi d’Angleterre  et de l’électeur de Saxe (État du Saint-Empire romain germanique), le roi  Christian IV était protestant.  Il ne manquait pas d’ambition et sous son règne la flotte royale danoise devient l’une des plus importantes d’Europe.  Il a d’ailleurs fondé la Compagnie danoise des Indes Orientales en 1616 et a apporté sa collaboration à l’Angleterre dans la guerre de trente ans.   La monarchie danoise serait la plus vieille monarchie au monde et aurait dominé le monde durant 300 ans!

Quand on se promène à Copenhague on voit très bien l’influence protestante à l’observation de l’architecture des bâtiments.  Cette ville est assez charmante et semble bien active et bien nantie économiquement.  Ce qui m’a frappée en arrivant c’est la conception de la cohabitation dans les rues.  Les pistes cyclables longent les rues principales.  Les vélos circulent sur des voies spécifiques et séparées pour chacune des deux directions.  À côté se trouvent les trottoirs assez larges pour marcher confortablement et sans danger.  Enfin, les feux de circulation sont spécifiques aux voies et tout le monde les respectent.  Cela fait une ville propre et à l’ordre avec des zones piétonnes très agréables.  D’ailleurs, nous n’entendons pas beaucoup klaxonner dans cette ville.  La ville est calme et m’a semblé très paisible.  Ses habitants ne sont pas nerveux!

En se promenant dans la ville on découvre facilement les principales places et les sites importants comme la place de l’hôtel de ville où siège élégamment, l’auteur Andersen et on se reporte dans le temps où ses contes nous séduisaient!  Bien assis tenant un livre dans les mains, il regarde au loin avec nostalgie et on a le désir de s’asseoir à ses pieds pour écouter.  Les contes de Hans Christian Andersen font partie de l’enfance de tous.  C’est à lui que revient notamment la notoriété de la « petite sirène » de Copenhague.  Malheureusement on ne sait pas toujours que ce grand poète danois en était l’auteur.  Devenu célèbre hors du Danemark bien avant d’avoir été reconnu dans son pays il devient conteur des enfants du roi Christian IX en 1860 à la fin de sa vie!  Il mourut en 1875 à 70 ans.  Des sculptures de lui sont fréquentes à Copenhague.

On ne peut pas parler de Copenhague sans parler des bicyclettes et de la politesse des gens.  Tout le monde est accueillant et bienveillant vis à vis des touristes.  Certains nous offrent spontanément des directions et même de nous accompagner là où on veut aller.

Bien sûr il ne faut pas manquer la petite sirène( bien petite en effet) et qu’il faut chercher au bord de l’eau.  L’hôtel où nous résidions en offrait une à l’entrée pour ceux qui n’avait ni le temps ni la patience de se rendre au bord de l’eau de l’autre côté.

Copenhague demeure pour moi un très beau souvenir de voyage.  On y mange bien, on y vit bien et tout est facile malgré la difficulté de la langue.  En effet, tous les gens parlent l’anglais à Copenhague.   L’enseignement de l’anglais et du danois sont obligatoires à l’école.  Le personnel des boutiques, des hôtels ou des restaurants est avenant toujours prêt à faire plaisir avec le sourire même à quelque minutes de la fermeture!  Vraiment c’est une ville à découvrir.  D’ailleurs au retour de la croisière nous continuerons notre découverte avec autant de plaisir!

Embarquement sur le « Regal Princess » 

C’est le dernier né des « Princess » avec 3560 passagers et 1346 membres du personnel.  Il est immense.  Magnifique, moderne avec un personnel particulièrement accueillant et souriant.  La majorité des cabines sont dotées d’un balcon ce qui est particulièrement agréable pour cette croisière.  Notre cabine est plutôt intime parce que nous n’avons pas choisi une mini-suite.  La différence en superficie est significative mais je m’entends bien avec ma compagne et j’espère que cela durera tout le voyage!  On se partage l’espace pour le rangement et on s’entend pour les aires communes notamment le pupitre de travail.  Le fait d’avoir un balcon nous donne l’impression que la cabine est plus grande.  La salle de bain est spacieuse pour un bateau et encore là, nous partageons facilement l’espace de rangement.

C’est ma deuxième croisière sur un bateau de la ligne Princess et le personnel est beaucoup plus heureux et souriant que lors de mon premier séjour.  En fait, c’est le jour et la nuit par rapport à ma dernière expérience avec cette ligne.  Cela augure bien!  J’avais choisi le circuit plutôt que la ligne bien que je me préoccupe de la ligne pour avoir quand même un séjour agréable, confortable et gourmand.

Avec ce circuit nous embarquons pour un grand tour des capitales scandinaves et un séjour plus long à St Petersbourg évidemment.

Premier arrêt Oslo, Norvège

En accostant à Oslo, le quai offre une image assez particulière.  Nous sommes au pied d’une forteresse où des femmes font leur course à pied et les outardes se promènent ou se reposent paresseusement  sur le gazon.  C’est la citadelle d’Arkeshus, nécropole des rois de Norvège.  Construite au XII et XIIIe siècle par le roi Haakon V elle a nécessité 700 ans de travaux.  Au fil des ans elle a servi de siège au représentant du roi et également de prison.  Elle n’a jamais été vaincue.  Aujourd’hui la citadelle sert de musée et pour les réceptions officielles.

D’un côté il y a des silos à grains et de l’autre des containers.  Cela me fait penser à Québec mais avec la forteresse directement sur le quai!

Bienvenue au pays de Henrik Ibsen et d’Edvard Munch (le cri).

La Norvège c’est 900 ans d’histoire et sa capitale Oslo datant de 1299 est la plus vieille capitale de la Scandinavie.  Malgré une première indépendance en 1300 la Norvège a longtemps été sous la gouverne du Danemark avant d’être conquise par la Suède.  Le pays ne retrouva son indépendance qu’en 1905.

Oslo est née du besoin de commerce et de construction navale des Vikings.  La ville a été fondée vers 1050 par le dernier roi Viking Harald Hardrada, demi-frère de Saint Olaf, un vaillant guerrier maintes fois emprisonné dans ses nombreuses campagnes, en particulier contre le Danemark.  Il aurait été assassiné avant même d’avoir vu la naissance de son pays!

Malheureusement il ne reste que peu de vestiges de cette période sauf au musée où il est possible de voir trois bateaux Viking et quelques artefacts découvert sur ces derniers.

Après un autre feu dévastateur en 1624 (la ville étant construite en bois à cette époque), le roi danois Christian IV a décidé de reconstruite la ville mais cette fois en brique et changea son nom à Christiana.  La ville ne retrouva son nom d’Oslo qu’en 1925.

Une grande sculpture en bronze d’un doigt pointant le sol trône au centre d’une fontaine sur une petite place à l’endroit où le roi Christian IV aurait pris la décision de reconstruire sa ville en brique.  Un peu plus loin on peut voir le plus vieux restaurant d’Oslo où Peter Andreas Munch, célèbre auteur et historien norvégien et oncle du peintre Edvard Munch (« le cri ») s’installait tous les jours pour écrire dans un salon du premier étage.

L’histoire de l’indépendance de la Norvège en 1905 est aussi intéressante.  En 1904, le pays se donne un roi, Charles de Danemark, qui prendra le nom de Haakon VII de Norvège.  Il est prince danois marié avec une britannique.  Ils ont un fils qui prendra le nom d’Olav V au décès de son père pour lui succéder en 1957.  Haakon VII a été élu à 90% par les femmes et à 80% par les hommes lors d’un référendum sur la séparation ou plutôt sur la dissolution de l’union de la Norvège et de la Suède.  L’objectif de choisir un roi était d’asseoir l’indépendance politique de la Norvège vis à vis de la Suède.

Le grand Oslo compte 1,4 millions d’habitants, mais la ville comme telle ne compte que 650 000 habitants.  Elle est située à la pointe Nord du fjord d’Oslo au sud-est de la Norvège.

Une peu comme la ville de Québec, le centre ville d’Oslo est assez concentré et il est très facile de découvrir cette ville à pied.  Notre guide, dont la tenue est désarmante, porte des bottes d’hiver et une jupe longue en coton avec un petit débardeur sans manche.  Elle tient un parapluie dont elle ne se servira pas beaucoup parce que, selon elle, cette température nuageuse et pluvieuse est représentative de l’été Norvégien!  Par comparaison tout notre groupe porte un manteau de pluie et un parapluie parce que la pluie intermittente est un peu gênante.

Après la promenade dans la citadelle, le parcours de la visite guidée nous conduit vers le centre ville et l’Assemblée Nationale.  L’édifice de l’Assemblée Nationale compte deux ailes avec une tour au centre et un grand escalier qui l’encadre pour inviter les norvégiens à « la maison du peuple ».   Descendants des Lapons (ou Samis) et des Vikings, les Norvégiens sont en général assez beaux.

Les Vikings ont été de fréquents envahisseurs des îles britanniques d’où sans doute l’influence protestante marquée que l’on peut observer à Oslo.  L’architecture et la construction en brique rappellent encore ici l’influence protestante tout comme à Copenhague.  Il semble que les Danois étaient plus portés à envahir l’Angleterre alors que les Norvégiens étaient portés sur les raids en Ecosse.

De l’Assemblée Nationale on poursuit le chemin vers les édifices de l’université.  Le plus vieil édifice est celui de la faculté de droit.  Au bout de la jolie place sur laquelle nous nous promenons, on aperçoit le palais royal première résidence de la famille royale.  Construit sur une colline, il a beaucoup de prestance avec son escalier massif aussi large que le palais lui-même!  Cela donne une impression de grandeur alors que le palais est plutôt modeste.  La porte Karl Johans, au bout de la rue principale d’Oslo, est le symbole de la monarchie Norvégienne depuis 1814.

Ville peu religieuse, on trouve à Oslo quand même plus de luthériens que de catholiques et comme chez nous, ils sont tous peu pratiquants.  Notre guide, avec un sens de l’humour assez particulier, souligne que la cathédrale d’Oslo sur la place Stortorvet serait la plus laide d’Europe!

Ville artistique, Oslo s’est offert une magnifique maison de l’opéra.  C’est une édifice moderne en marbre de carrare avec un toit en pente douce sur lequel on peut se balader.  C’est assez impressionnant d’autant que l’édifice est juste au bord de l’eau sur la pointe du fjord d’Olso au nord.  Devant le théâtre national, les deux personnages les plus marquants de la culture norvégienne, Ibsen et Munch (le poète) siègent de part et d’autre de l’entrée principale.

Un des moments émouvants de notre promenade est la visite de la mairie d’Oslo.  En effet, elle a été inaugurée en 1950 durant la période la plus socialiste de la Norvège.  Sur les quatre murs de la salle principale, de magnifiques murales nous révèlent l’histoire de la Norvège et son passé rude.  On y apprend que la Norvège a été occupée durant la seconde guerre mondiale, de 1940 à 1945.  Durant cette période la monarchie et le parlement sont partis aux États-Unis.  La Norvège aurait peu protégé ses habitants juifs contrairement au Danemark qui les a tous protégés.

C’est dans la salle de l’hôtel de ville d’Oslo, qu’est annoncé à chaque année le récipiendaire du prix Nobel de la paix.  J’avoue que cette salle m’a émue par son symbolisme.  Au second étage on peut visiter deux salles de réception avec vue sur le port.

Les cloches de la mairie sonnent à toutes les heures, ce qui est assez sympathique.  En rentrant doucement au bateau on peut voir une rangée de tigres autour de l’Hôtel de ville.  La ville aurait reçu le surnom de « ville du tigre » à la suite de la publication d’un poème du livre du Norvégien Bjornstjerne Bjornson en 1870 décrivant une lutte entre un cheval, représentant la campagne norvégienne et un tigre, le tout se voulant une métaphore de la ville d’Oslo.

L’ancienne Allemagne de l’Est: Warnemünde

Cet arrêt sur la côte baltique allemande est un point d’embarquement et de débarquement de plusieurs passagers.  La région semble plutôt sans relief.  On peut y visiter Rostock, station balnéaire de 200 000 habitants d’où partent des trains pour Berlin pour ceux qui souhaitent profiter de la journée pour faire un saut dans cette ville.  Les autres peuvent se balader sur le bord de la mer à Rostock ou aller ailleurs.

La visite choisie a été Wismar, d’une durée de 5 heures au total, juste assez pour découvrir un petit coin de l’ancienne Allemagne de l’Est.  Pour arriver au petit port de 50 000 habitants au sud-ouest de la Baltique, on traverse un parc national et une réserve naturelle où se trouveraient plusieurs sites archéologiques.  Le long de la route des éoliennes au loin ont visiblement remplacé les anciens moulins à vent qui devaient sans doute autrefois parsemer cette région!  On peut également voir quelques installations solaires.  On sait que l’Allemagne a fermé toutes les centrales nucléaires après la catastrophe de Fukishima (Japon).

Le climat ici est assez modéré, sans neige et l’eau de mer y serait à 20C à l’année.  Wismar est un peu décevante même si sa fondation remonte à 1229 et qu’elle est reconnue comme site historique de l’UNESCO depuis 2002.  Elle a été très abimée par les guerres et détruite à 40% durant la seconde guerre mondiale.  Néanmoins, il reste quelques édifices médiévaux peu intéressants mais où l’influence luthérienne est visible.  Nous n’avons pas été gâtées par le guide à Wismar.  Il y avait eu visiblement erreur d’affectation parce que le guide croyait avoir des participants espagnols et son anglais était difficile à comprendre!  Il nous rappelle que jusqu’au XVIe siècle, date de l’invasion suédoise, Wismar était une ville allemande imprenable.  Les résidents de Wismar seraient donc plus Suédois qu’Allemands.  Heureusement la bière est allemande!

Au départ de la place de l’hôtel de ville on peut observer quelques maisons patriciennes médiévales ou de style gothique assez intéressantes à côté de maisons assez colorées plus récentes mais ayant conservé une certaine affinité de style.  La vieille cathédrale protestante a été pratiquement rasée par la guerre mais une maquette nous permet de constater son imposante architecture passée dont il ne reste que quelques modestes parties.  Aussi la chapelle de l’ancien couvent ayant servi d’hospices est encore en partie assez bien conservée.  Les rues en pierre nous rappellent que ce site a servi à un film de vampires il n’y a pas si longtemps.  C’est un port essentiellement à vocation touristique avec un taux de chômage avoisinant les 10-15% à cause de l’émigration vers Berlin si facilement accessible.

La bière de Wismar est reconnue à travers l’Europe.  Le brassage de la bière est une longue tradition en Allemagne et ce fut longtemps l’une des principales activités de ce port.  Au XVe siècle on a compté jusqu’à 183 brasseries.  Une brasserie médiévale servant également d’auberge pour 80 personnes située juste en face du vieux port de cette ville hanséatique nous attend.  Elle nous a permis de goûter trois bières locales dans une atmosphère médiévale.  Encore brassées sur place, elles nous ont été servies accompagnées du célèbre gros Bagel allemand.

De 1668 à 1903, la Suède alors en charge, a imposé une taxe d’exportations sur la bière entraînant ainsi la fermeture de plusieurs brasseries.  Cette brasserie a donc servi d’entrepôt et de boutiques durant cette période.

Le maître brasseur d’aujourd’hui est le descendant direct de la famille fondatrice même si la brasserie a été fermée et rouverte à quelques reprises au fil des siècles.  Elle demeure la seule brasserie historique authentique de Wismar et ce, après une rénovation majeure en 1995 pour y ajouter une auberge.  Encore aujourd’hui on y brasse 170 litres selon les exigences de la « loi de pureté de la bière allemande » de 1516, qui exige que la bière ne contienne que de l’eau potable, du malt et du houblon.  Il y a 300 ans on y brassait 300 L par jour parce qu’il n’y avait rien d’autres à boire de façon sécuritaire!

La promenade dans le vieux petit port permet d’observer quelques maisons patrimoniales mais il ne reste plus rien du puissant chantier naval entièrement détruit par les alliés lors de la deuxième guerre mondiale.   Ce sont sans doute ces quelques vestiges et les jolis canaux qui traversent la ville qui ont permis d’obtenir le classement de l’Unesco.

De retour au bateau nous prenons la mer vers l’Estonie et notre prochaine escale.  La journée en mer sera douce. La température est clémente et ensoleillée.  Je m’offre un traitement beauté global dans le spa du bateau.  Un beau luxe qui me fait un bien énorme.

Durant cette journée, on en apprend un peu plus sur l’ambre, cette résine que l’on retrouve en grande quantité dans les pays de la Baltique.  L’ambre, issue des conifères, peut se présenter en jaune transparent, en jaune foncé, en brun, en rouge, en vert et en blanc.  Tout l’ambre est d’égale qualité quelle que soit sa couleur.

Capitale de l’Estonie:  Tallinn, ville fortifiée

Cette ville de 400 000 habitants offre une citadelle dans une ville haute et une ville basse où nous accostons.  L’Estonie compte un total de 1,3 millions d’habitants dont 25% environ sont russophones.   Ces Estoniens sont issus de l’immigration russe (entre 1944 et 1991) alors que l’Estonie faisait partie de l’empire russe.

Plus petit des pays baltes, l’Estonie est indépendante depuis 1991.  Au fil du temps, différents empires s’y sont succédés dont les Danois, les Suédois et les Russes.  En 1710, après sa victoire sur la Suède dans la guerre du nord, Pierre le Grand y a établi son palais impérial d’été de style baroque, au bord de la mer Baltique.  Il demeurera propriété impériale  jusqu’à la révolution de 1917.  Il abrite aujourd’hui un musée.

La langue estonienne est très près du finnois et de l’hongrois. Avant l’âge de dix ans on peut encore étudier en russe à l’école.  Par contre, après dix ans, l’école en estonien est obligatoire.  D’ailleurs le fait de résider en Estonie ne donne pas automatiquement la citoyenneté.  Un test de connaissance de la langue estonienne est essentielle pour obtenir la citoyenneté même pour les russes ou leur descendants.

Au fur et à mesure de notre promenade, notre guide nous souligne avec un sourire que du temps de l’empire russe, il y avait des micros partout.

Cette ville compte une enceinte fortifiée bien restaurée qui fait penser à la citadelle de Québec.  Sa restauration s’est accélérée depuis que la ville est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1997.  Elle compte de nombreux bâtiments à la façade médiévale et d’autres à la façade d’architecture baroque et classique.  La promenade à travers la ville nous offre des vues magnifiques sur le golf de Finlande depuis la ville haute.  Dans la basse ville on se promène sur la place de l’Hôtel de ville d’où l’on peut voir de très vieux édifices dont une très pharmacie remontant au XVe siècle.  Le restaurant de la Place où nous avons pu goûter quelques brioches (sucrées-salées) se trouve dans un édifice médiéval également sur la place de l’hôtel de ville.  La nourriture classique ici est composée de hareng de la Baltique, de pommes de terre et de pain de seigle noir.  Le porc et le boudin noir sont également courants comme la pâte d’amande et le miel.  Le sport national est la cueillette des champignons!

Dans la ville haute le parlement estonien est logé dans un édifice rose bonbon qui porte le nom de château Toompea remontant au XVIIIe siècle.  Il y a plusieurs édifices baroques dans la ville haute abritant aujourd’hui des ambassades ou des chancelleries.  Cela offre un très beau tableau.  Cela m’a fait penser à Prague avec ses rues et ses ruelles en pierre, assez difficiles pour marcher mais très beau au coup d’oeil.  La différence m’a semblé que ces édifices abritent de véritables services.  Il ne s’agit pas seulement de façades.

La religion orthodoxe avec la cathédrale Alexandre Nevsky sur la Place du Palais est impressionnante mais c’est la cathédrale luthérienne Ste Marie qui est la plus vieille de Tallinn.  C’est là que sont enterrés les nobles de la ville depuis le XVe siècle.  Également du XVe siècle, la mairie, d’architecture gothique donne sur la place principale de la ville où plusieurs artisans offrent leurs produits comme sur la ruelle des remparts.

Enfin, les églises de St Olav (13e siècle) et du St Esprit (14e siècle) nous guident vers la « Grosse Marguerite ».  C’est la tour de guets de la forteresse protégeant l’entrée de la ville.  Delà nous rentrons doucement au bateau avant de jeter un coup d’oeil à une magnifique sculpture dans un jardin près du port.  En somme cette visite nous fait découvrir une ville en très importante phase de restauration mais où déjà on peut voir le retour aux sources et le bon goût artistique de ses habitants.

En route pour le vrai but de mon voyage:  St Petersbourg….  et je m’offre une autre cure de beauté…

St Petersbourg, ville impériale

C’est à Pierre le Grand (1672-1725) de la dynastie des Romanov, que l’on doit la fondation de St Petersbourg en 1703.  Le nom du quatrième enfant (de deux femmes différentes) du tsar Alexis 1er, mort trop jeune, lui a été attribué à cause de sa grande taille dont on dit qu’elle faisait 2 mètres.  C’est lui qui conduira la Russie vers ses sommets mais non sans de nombreuses péripéties.  Devenu tsar à l’âge de 10 ans en même temps que son demi-frère il deviendra le premier empereur de Russie en 1721 et aura eu une vie fascinante.  Témoin de la révolte sanglante de Moscou (1682) il en aurait été marqué.  Durant une grande période il a été peu intéressé par les affaires de l’Etat et c’est sa soeur qui assumera la régence jusqu’à ce qu’il décide de prendre sa place en 1689.   Il deviendra le seul souverain en 1694 au décès de son demi-frère.

Plus près des étrangers établis à Moscou, il a été rapidement exposé par ses amitiés, aux jeux militaires, de même qu’à l’importance de la navigation.  Sa fascination pour la technologie et la navigation l’entraînera dans les pays les plus avancés du moment.  Toujours curieux des nouvelles technologies, il alla jusqu’à étudier la navigation en Hollande, sous un nom d’emprunt, après avoir réalisé l’importance d’ouvrir la Russie sur les mers qui la bordent.  Ces dernières appartenaient à l’époque au royaume de Suède ou à l’empire Ottoman.

En décembre 1696, il part faire une « grande ambassade », sorte d’expédition européenne, à la fois  mission éducative et diplomatique, qui exclura la France, et qui durera seize mois.  Son objectif était d’établir des alliances pour vaincre l’empire ottoman dont la France s’était faite alliée.  Sur ce plan ce sera un échec, car aucun pays n’avait le désir de combattre les turcs.  Néanmoins, cette « mission » lui a permis d’apprendre tout ce qui se faisait de scientifique et d’innovation en territoire européen.  Ce fut la possibilité d’acquérir les connaissances de bons techniciens dont la Russie manquait beaucoup.  C’est durant cette période qu’il étudia, incognito, les avancées maritimes des Hollandais, les secrets des constructions navales anglaises et les dernières innovations d’artillerie Prusse.

Pierre le Grand se sera marié deux fois, divorçant de sa première épouse après qu’elle lui eut donné un fils.  Après l’avoir fait enfermée il épouse une ancienne paysanne lituanienne lui ayant donné une fille avant leur mariage.   Son épouse deviendra Catherine 1ère.   Elle lui donnera 7 enfants dont seules deux filles lui survivront.  Celle qui deviendra Elizabeth 1ère de Russie fut la  belle-mère de la « Grande Catherine » (Catherine II de Russie).

St Petersbourg se trouve à 400 km de Moscou.  Lorsque Pierre le Grand décide d’y installer une ville impériale, la région avait été conquise à la Suède.  Elle devait servir comme fenêtre de la Russie sur le monde.  C’est le tsar qui décida des plans et de l’urbanisme de la ville sollicitant des architectes et des artistes Européens pour une architecture à la fois baroque et néo-classique.  Tout est charmant dans cette ville, mis à part les édifices de l’ère communiste dont les bureaux du KGB sont particulièrement laids!

Avec ses 5,5 millions d’habitants et ses nombreuses rivières la sillonnant cette ville est la deuxième en importance en Russie.  Depuis sa fondation et jusqu’au début du XX ième siècle, St Petersbourg a été le centre intellectuel, scientifique et politique de Russie.  En 1917 c’est là qu’éclate la révolution dont les bolchéviques ressortent vainqueurs.  D’ailleurs la ville a changé de nom pour Petrograd de 1914 à 1924 puis de nouveau pour Leningrad de 1924 à 1991.  C’est à la suite d’un référendum que la ville a retrouvé le nom de St Petersbourg en 1991.

Même si la ville a perdu de son influence au profit de Moscou au fil des années, elle n’en demeure pas moins une ville séduisante.  Sise au fond du golfe de Finlande, dans le delta de la Neva en mer Baltique, elle est bâtie sur des îles.  On l’appelle souvent la Venise du Nord à cause des nombreux canaux qui la traversent en provenance de 65 rivières!

À l’arrivée du bateau c’est un port plutôt morne qui s’offre à la vue.  Ce port établi sur une bande de sable construite de main d’hommes, où se tiendra l’Euro 2018.

Il faut environ 30 à 40 minutes pour se rendre en ville.  Plus nous approchons du centre-ville plus la circulation se fait dense.  Si on trouve que la circulation à Montréal est difficile, cela n’est rien à comparer à St Petersbourg, et les nombreux ponts ne facilitent pas les déplacements.  Néanmoins, cette ville respire le « grand empire ».  On comprend l’influence de la ville sur ses résidents. On ne peut pas vivre dans cette ville et encore moins y être né sans ressentir la fierté de l’empire russe!  Cela m’a permis de comprendre un peu la fierté (en apparence démesurée) de Poutine!  On ne peut pas être modeste si on a été élevé à St Petersbourg!

En plus de Pierre le Grand, celle que l’on a appelée la « Grande Catherine » (1729-1796) a marqué fortement cette ville.  Elle a poursuivi le travail innovateur et créatif de Pierre le Grand.  Il est important de saisir que ce n’est pas de Catherine, la femme de Pierre le Grand dont on parle quand on parle de la Grande Catherine, mais bien de la femme de son petit fils.

À la demande de l’impératrice Elizabeth (fille de Pierre le Grand), celle qui deviendra la « Grande Catherine », à savoir Catherine II, arrive en Russie en provenance de Prusse, pour épouser le neveu de l’impératrice, le futur tsar Pierre III.   Malheureusement ce dernier n’a aucun intérêt pour elle.  Ils sont jeunes (15 et 16 ans) et les épousailles ont lieu en 1745 à St Petersbourg.  Le mariage sera une catastrophe. N’ayant pas d’héritier après huit ans, l’impératrice Elizabeth intervient pour trouver un amant à Catherine II pour enfin lui permettre de mettre au monde un enfant.  Catherine donnera naissance à un fils que l’impératrice Elizabeth lui enlèvera tout de suite pour s’assurer de son éducation.  Il deviendra Paul 1er.

Dans son enfance, Catherine II avait été élevée par une gouvernante française qui lui avait donné le goût des arts et de la culture.  En Russie, elle s’est intéressée à son nouveau  pays, et a poursuivi cette passion pour les nouveautés artistiques, technologiques et culturelles, acquise auprès de sa gouvernante.  Elle semble avoir voulu faire évoluer la Russie dans la continuité d’esprit de Pierre le Grand.  Aussi, quand son mari devient tsar de Russie en janvier 1762, il sera rapidement écarté et assassiné à la suite d’un affrontement et d’une guerre de pouvoir entre les époux.  Catherine II devient alors impératrice et conserve le pouvoir qu’elle ne partagera jamais, malgré ses nombreux amants, jusqu’à sa mort en 1792.

Son objectif a toujours été d’accroître la grandeur de la Russie afin de la faire reconnaître comme un joueur significatif de l’Europe de l’époque.  St Petersbourg en est la preuve vivante encore aujourd’hui!

Pour parler de toutes les innovations de Catherine II il faut lire les nombreuses biographies qui lui sont consacrées.  On peut alors constater l’audace et l’avant-gardisme de cette femme dans toutes les sphères allant de l’éducation des enfants jusqu’à la tentative d’élimination du servage en passant par l’assemblage d’une importante collection artistique.  Il semble que sa plus grande déception ait été de ne pas avoir réussi à abolir le servage.  Les propriétaires terriens russes l’ayant combattue jusqu’à la fin de sa vie.

St Petersbourg offre la plus belle vue depuis l’eau.  En effet, au début les rues de la ville étaient des canaux et les maisons n’avaient pas d’adresse.  Ce qui a pour effet de donner un point de vue magnifique quel que soit le canal emprunté.  En se baladant d’une croisière à l’autre on peut admirer les plus beaux points de vue sur la ville.  L’harmonie architecturale comme la diversité des jeux de couleurs des bâtiments offrent une vision de conte de fées.

Evidemment c’est le palais d’hiver de Catherine II, devenu le musée Hermitage, qui est le point de mire des visites touristiques.  Mais ce n’est pas seulement ce musée, aussi séduisant qu’il soit, qui dévoile des pans importants de l’histoire russe.   Les résidences des tsars et de l’aristocratie sont toutes fascinantes et instructives malgré les vicissitudes de la révolution bolchévique et des deux guerres.

La première visite de St Petersbourg débute pour moi au palais de Peterhof, résidence d’été de Pierre le Grand à 25 km du centre de la ville sur la rive sud du golfe de Finlande.  À son retour de France, Pierre le Grand a voulu un palais plus beau que Versailles.  Alors que Versailles honore Apollon, Pierre le Grand choisit Neptune sans doute à cause de sa passion pour l’eau.  D’ailleurs ce palais dévoile 176 fontaines impressionnantes et magnifiques dont certaines nous surprennent dans notre promenade en surgissant spontanément à travers les jardins et les pierres.  Pierre le Grand aimait s’amuser au détriment de ses invités!  Ce qui impressionne ici c’est que les fontaines et les jeux d’eaux fonctionnent tous par gravité, sans pompe aucune, à partir d’un réservoir alimenté par de nombreux aqueducs.  Le spectacle est saisissant.  Une pure merveille.

Ce palais a été passablement détruit durant la seconde guerre mondiale, mais heureusement il a été reconstruit depuis, pour le plus grand plaisir des visiteurs.  Plus loin, le palais de Catherine I, épouse de Pierre le Grand mériterait une visite, mais le temps manque.  On se contentera d’apprendre que ce palais, modeste du temps de Catherine I, a été reconstruit majestueusement par sa fille Elizabeth 1 en souvenir de sa mère.  Catherine II a poursuivi l’amélioration de ce palais en y faisant aménager notamment une chambre toute recouverte d’ambre du plancher au plafond.  Également endommagée lors de la deuxième guerre mondiale, la chambre a été reconstruite grâce à la générosité de donateurs allemands dans les années 90.  Il y aurait pour six tonnes d’ambre!

Durant notre première journée, nous faisons l’expérience de notre premier repas russe:  un verre de vodka prépare l’appétit.  Suit un blini, caviar jaune de saumon, potage (un peu lourd) et un boeuf Stroganof complété par un dessert fort généreux.  Le vin complète ce repas.  C’est l’occasion d’apprendre que le met principal tire son nom du compte Stroganof.  Ce dernier n’ayant pas de bonnes dents (s’il en avait) avait demandé à son cuisinier de lui préparer des mets faciles à manger d’où le fameux boeuf Stroganof.  Tous nos repas à St Petersbourg se ressembleront et seront tous apprêtés « à la Stroganof», boeuf ou poulet.  La nourriture russe, en tout cas celle que nous avons goûtée, n’est pas très raffinée!

La première journée à St Petersbourg a été ensoleillée avec une chaleur agréable ce qui a rendu nos visites confortables.  Au retour on visite la ville et ses principaux sites touristiques du palais d’hiver à la forteresse Pierre et Paul en passant par  les places toutes plus jolies les unes que les autres et les nombreux canaux.  Gros programme pour la suite!

Ville d’art et de beauté, la visite du musée de l’Ermitage est une obligation.  C’est là que l’on perçoit pleinement la puissance et l’intérêt culturels de Catherine II.  On dit qu’il faudrait onze ans pour marcher toutes les salles de ce palais et en voir tout le million de chefs-d’oeuvre.  Toutes les oeuvres sont magnifiques et révèlent la force culturelle de celle qui a reçu les plus grands artistes de son siècle.  C’est une chance inouïe de pouvoir regarder ces chefs d’oeuvre, même trop rapidement!  L’oeuvre qui m’a le plus impressionnée est « l’horloge paon » entièrement en or.  A chaque heure le paon déroule sa queue pour une auréole d’or splendide.  Un pur chef d’oeuvre de l’horlogerie et d’une beauté extraordinaire.  Tout est beau dans ce palais où l’on devrait passer beaucoup plus de temps.   Mais ce que l’on y voit, quoique trop rapidement, restera en mémoire longtemps.

L’Ermitage n’est pas qu’un musée, mais un ensemble d’édifices englobant le Théâtre de l’Ermitage, le Petit Ermitage, le Palais d’hiver, le Vieil Ermitage, le Nouvel Ermitage, etc.   Cela fait tout un quadrilatère que l’on peut observer depuis différents angles et points de vue selon l’endroit où l’on se trouve.  Ses façades sont toutes plus belles les unes que les autres.  Ses planchers de bois sont absolument magnifiques.

La forteresse Pierre-et-Paul est le site de la création de St Petersbourg.  C’est là que se trouvent les tombeaux des empereurs de Russie dans la cathédrale du même nom.  Plus loin la cathédrale russe orthodoxe du St Sauveur-sur-le-sang-versé dont le nom rappelle l’assassinat du tsar Alexandre II, mortellement blessé à cet endroit en 1881, est surprenante par son architecture.  Cette construction très décorée a été initiée par Alexandre III en 1883, en mémoire de son père, mais elle ne fut achevée qu’en 1907 par Nicolas II.  Entièrement financée par la famille du tsar et leurs amis, son architecture est plutôt médiévale.  Aujourd’hui la cathédrale relève de la cathédrale Saint-Isaac.  Cette dernière a la particularité de ressembler à la cathédrale St-Paul de Londres dont elle est inspirée.  C’est la troisième plus vaste cathédrale à dôme au monde, après St-Pierre de Rome et St-Paul de Londres.  Il aurait fallu quarante ans pour la construire (1818-1858)!  C’est Alexandre I qui en avait lancé le concours architectural remporté par un français.  Ses richesses dorées compteraient 400 kg d’or entre autre.  De plus ses planchers en céramique sont particulièrement extraordinaires.

Je pourrais continuer durant des pages pour décrire les beautés de St Pétersbourg.  Tout est beau dans cette ville qui m’a beaucoup impressionnée.  Même les préparatifs des manifestations militaires pour souligner une fête nationale sur la grande place devant le palais d’hiver, étaient impressionnants!  Sans parler de la croisière sur la Neva qui offre à nos yeux un spectacle magnifique.  En accord avec la volonté de Pierre le Grand, tous le bâtiments le long de la Neva sont de la même hauteur et il n’y a plus de construction dans le centre historique depuis 2013.

On peut très bien saisir l’ambition de Pierre le Grand, son fondateur, souhaitant ouvrir aux russes une grande porte sur le reste du monde.  Il n’y a pas de doute que cela est réussi.

De retour au bateau après ces quelques jours de visite, je suis dans une bulle de beauté et le lendemain viendra beaucoup trop vite pour moi.

De St Petersbourg à Helsinki 

Après la visite enchantée des derniers jours, Helsinki nous paraît plutôt modeste.  Lors d’une visite d’une Ministre finlandaise au Québec, j’avais eu l’occasion de découvrir un peu  les particularités de ce pays alors que je l’avais  accompagnée lors d’une tournée en motoneige au Québec, à la demande de la société Bombardier.  En effet, la Finlande voulait connaître comment nous entretenions nos sentiers de motoneige et comment cette industrie évoluait chez nous.  Ce fut une expérience intéressante.  Ce mode de déplacement les intéressait beaucoup.

En arrivant dans ce pays nordique, on constate sa faible densité de population.  Elle serait la plus faible d’Europe et possiblement du monde.  Néanmoins la Finlande est intéressante par ses innovations.

Helsinki

Indépendante de la Russie depuis 1917 la Finlande compte aujourd’hui cinq millions d’habitants.  Elle aurait achetée son indépendance de la Russie à prix fort.  Je ne suis pas certaine que cela réfère au coût monétaire comme au nombre de vies humaines sacrifiées.  Le pays a été longtemps sous la tutelle de la Suède d’où les deux langues officielles coexistant dans ce pays à savoir le suédois et le finnois.  L’indépendance réelle n’a été acquise qu’après de nombreux efforts, dont une guerre civile en 1917, deux conflits importants durant la seconde guerre mondiale et, une longue tutelle que l’on qualifie d’indirecte durant la guerre froide.  Aujourd’hui la république parlementaire est stable et le pays est reconnu pour ses innovations en matière d’environnement et sa qualité de vie.  Mais actuellement le pays est en récession et cela se voit à Helsinki.

La ville possède un certain cachet.  Ce qui frappe c’est la jeunesse de la ville.  Tout semble neuf et pour cause.   C’est le pays des aurores boréales de septembre à mars.  Ce pays ne reçoit le soleil que 13% de l’année.  C’est une des villes les plus froides au monde avec l’air le plus pur d’Europe.  Avec 5,4 millions d’habitants, le pays compte pas moins de 3,2 millions de saunas!

La Finlande serait le deuxième pays le moins corrompu au monde.  Membre de l’Union Européenne depuis 1995, l’Euro y est la monnaie courante. Par contre, le pays ne fait pas partie de l’OTAN et est neutre depuis 1955.  C’est le pays de Nokia, de Marimekko et de Sibelius!  Pour les amateurs de formule 1, c’est aussi le pays de Mika Häkkinen.  Ce pays luthérien offre peu à voir à partir d’Helsinki sinon des magasins, des boutiques intéressantes et un musée d’art moderne unique.  Chose surprenante pour un pays majoritairement luthérien on y trouve la plus grande cathédrale orthodoxe d’Europe, la cathédrale de l’Assomption (Ouspenski).  C’est sans doute un vestige de la période russe.

La place principale de la ville, appelée la place du Sénat est intéressante et très animée.  Elle est bornée par les pouvoirs politique, religieux, scientifique et commercial.  Elle est en effet encadrée d’un côté par une imposante cathédrale luthérienne et de l’autre le palais du gouvernement (Riksdag en suédois ou Eduskunta en finnois).  En face se trouve ce qui semble être la plus vieille maison de la ville ainsi qu’un autre vieil édifice où loge le musée municipal d’Helsinki.

Au centre de la place trône la statue du tsar Alexandre II de Russie.  Après l’indépendance, certains auraient voulu enlever la statue d’Alexandre II, mais cela se ne fit pas.  Il semble que le tsar Alexandre II aurait implanté plusieurs réformes pour augmenter l’autonomie des Finlandais vis à vis de la Russie d’où l’affection que plusieurs finlandais lui portent.  Ce tsar était connu comme étant le « bon tsar » contrairement à son petit fils, Nicolas II de Russie responsable de la russification de la Finlande.  Inutile de souligner que ce dernier n’a pas été aimé des Finnois.

Au-delà du centre ville assez modeste, nous avons pu visiter le monument érigé à la mémoire de jean Sibelius sis dans un joli parc.   Plus loin une visite de l’église de roche appelé Temppeliauko est particulière.  Cette église évangélique luthérienne assez récente (1960) est construite littéralement dans le roc (d’où son nom d’église de roche), ce qui amplifie les sons et fait de cette église un site unique pour les concerts.  Lors de notre visite, une pianiste nous a d’ailleurs permis de valider cette qualité de son par une charmante pratique de concert.

La Finlande est reconnue non seulement pour ses rennes, mais surtout pour ses initiatives en matière d’éducation et réformes sociales.  Tout résidant de Finlande a droit à l’éducation gratuite jusqu’à l’université, même s’il n’est pas finlandais.  Enfin, la plus récente réforme encourage les personnes plus âgées à continuer de travailler au-delà de l’âge de la retraite.  C’est un pays qui se veut neutre au plan international et qui donne l’impression d’avoir un avenir intéressant après un passé plutôt difficile.  On sent un optimisme et une sérénité dans cette ville!

Le déplacement vers Stockholm se fait sans heurt. La mer est clame et le temps splendide.  On quitte Helsinki en fin d’après-midi par une navigation apparemment difficile en partance de ce port.   Assez en tout cas pour que le capitaine soit accompagné de pilotes locaux pour rejoindre la mer (comme sur le St Laurent d’ailleurs).

Stockholm

La Suède compte 9,9 millions d’habitants dont 1,5 millions à Stockholm seulement.  La ville s’étend sur quatorze îles et l’arrivée est impressionnante.  On accoste  d’ailleurs au port du centre ville avec un temps splendide mais frais.  Il y a 18 heures d’ensoleillement ici en été et seulement 6 heures en hiver.  On se trouve au 59 ième parallèle et il fait environ 22C, ce qui pour nous est confortable mais pas très chaud pour un jour de juillet.

La Suède fait partie de l’union européenne mais pas de la zone l’euro.   Son histoire est très liée à celle de ses voisins notamment la Norvège et le Danemark ainsi qu’aux autres pays nordiques voisins.  C’est Gustaf Vasa (1496-1560) connu sous le nom de Gustaf Ier qui chassa les Danois en 1523.  La Suède deviendra ensuite un grand empire s’étendant tout autour de la mer Baltique.

C’est en bateau que l’on découvre Stockholm à cause de son insularité.  C’est en effet très beau d’observer cette ville depuis un bateau.  On passe devant le studio d’un des membres (Bernie Anderson) du célèbre groupe ABBA avant de s’aventurer au coeur de la vieille et de la nouvelle ville.  Cette visite nous fait voir le plus vieux bateau « Vasa » au monde échoué à quelques mètres du port en 20 minutes il y a 300 ans.  Il n’a jamais navigué et quand il a été découvert il est sorti presqu’indemne dit-on, à cause de la qualité de l’eau et de sa faible salinité.  Son nom de Vasa réfère à la période de Gustaf Vasa.

Le transport public est très facile ici:  bus, bateaux et traversiers sont partout.  Nous sommes un jour de congé scolaire et il y a des bateaux moteurs ou à voile tout autour.  Les Suédois aiment le soleil et en profitent les jours d’été.  L’eau ici serait d’une qualité particulière avec peu de parasites et une température de 18 à 20C en été.  La ville compte d’ailleurs de nombreuses plages dans les différents quartiers où les suédois adorent se baigner.

La topographie accidentée du pays fait que seulement 3% du pays est habité.  En effet, des masses rocheuses granitiques abruptes et plus ou moins hautes nous entourent.  On nous dit que 20% du pays est couvert d’eau avec une multitude de lacs à travers tout le pays.  Il y aurait d’ailleurs pas moins de 30 000 bateaux privés sans compter les plus petits qui n’ont pas à s’enregistrer.  Pas moins de 290 bateaux de croisière font escales ici en été et environ 20 traversiers font régulièrement le circuit de la Baltique.

La Suède compte de nombreuses forêts et Ikea est né de ces forêts.  Ayant débuté pas la fabrication de crayons et de portes, son propriétaire évolua vers les meubles avec une première chaise vers 1940.  Les magasins ont été lancés dans les années cinquante et aujourd’hui l’entreprise compte 15 000 employés.  On passe aussi la première usine d’Electrolux déménagée depuis un peu plus loin de la ville.

Stockholm est entourée d’écluses pour différentes grosseurs de bateaux.  Il y a beaucoup de nouvelles constructions et la population vit en général dans un appartement de 60 mètres carrés.  Le coût de la vie est élevé et les impôts également, jusqu’à 50% du revenu.  Le chauffage est électrique de provenance hydraulique, nucléaire et de plus en plus de géothermie, d’éoliennes etc.

Lors de notre visite on observe le parlement suédois et le palais ou plutôt la résidence officielle du roi Carl XVI Gustaf et l’hôtel de  ville.  La Suède possède une constitution monarchique parlementaire monocaméral dont le roi ne possède que des pouvoirs symboliques de représentation pour les cérémonies officielles.

Les valeurs suédoises sont la liberté de vivre, de s’exprimer et le respect pour tout.  C’est un pays reconnu pour son pacifisme malgré son comportement ambigu durant la seconde guerre mondiale.

On connaît mieux ce pays pour l’un de ses éminents citoyens, Alfred Nobel (1833-1896), chimiste, fabricant d’armes et inventeur de la dynamite.  Pas moins de 364 découvertes lui sont attribuées.  Il est enterré en Suède bien qu’il ait vécu et travaillé durant plusieurs années à Paris.  Il légua sa fortune importante pour la création du prix Nobel afin de réhabiliter son image en quelque sorte.  Ce prix doit servir à récompenser des personnes ayant rendu service à l’humanité dans cinq catégories:  paix et diplomatie, littérature, chimie, physique et médecine.  Seul le prix Nobel de la paix est remis à Oslo, les autres sont tous remis à Stockholm.

Enfin, la guide nous informe que la Suède a connu une vague impressionnante d’émigration vers les Etats-Unis alors qu’environ 1,4 millions de Suédois ont quitté entre 1800 et 1900.  Sur une population de 4 millions à l’époque, cela est impressionnant.  Aujourd’hui la croissance de la population provient essentiellement de l’immigration musulmane.   La guide nous souligne que les Suédois ne sont pas très religieux et que cela pourrait changer car la pratique de l’islam serait en forte croissance avec les vagues d’immigration récentes.

 

En résumé ce voyage a été l’occasion de découvrir une partie du monde que l’on connaît peu.  Mis à part  la Russie et ses anciennes républiques, les pays scandinaves nous ressemblent et l’on s’y sent très confortables.  Chacun offre des spécificités intéressantes dont on pourrait très bien s’inspirer dans certains cas.   Cela pourrait nous aider à progresser.  Bien sûr, les langues différentes causent quelques difficultés mais l’anglais est presque partout utilisable.

Enfin, je ne peux pas passer sous silence, ma première expérience du soleil de minuit.  Car en effet, c’est toute une expérience.  On croirait à un coucher du soleil perpétuel avec ses couleurs et ses nuances.  Absolument mémorable pour ceux ou celles qui aiment la nature.  Aussi un autre événement m’a marquée. C’est l’apparition d’un sous-marin.  Au cours d’une fin de journée plutôt nuageuse, quelle ne fut pas surprise au retour dans ma cabine pour lire et me reposer un peu, d’observer un sous marin tout près qui semblait nous accompagner.  Sur le coup je m’en suis étonnée en me demandant à qui il pouvait bien appartenir.  Ce n’est qu’au dîner le soir, qu’un de nos compagnons de table nous soulignent que ce sous-marin était russe et que cela était très fréquent dans ces eaux.  D’origine danoise il n’était pas du tout étonné par cet accompagnement qui a duré un bon deux heures et qui selon lui était chose courante!

Comme quoi, les voyages forment la jeunesse….

 

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