7 juillet 2009

La CSQ et l’action politique

La CSQ a invité trois anciens députés pour explorer les actions politiques de la CSQ et leur pertinence. Les propos qui suivent sont ceux que j'ai apportées à l'occasion de ce panel mais ne tiennent pas compte des échanges qui ont contribué à à enrichir la discussion ni ceux des autres panelistes.

Congrès CSQ
Québec

Le 27 juin 2009

D’abord une mise en situation par rapport à la demande qui m’a été faite de m’adresser à vous dans le cadre de cet atelier sur l’action politique de la CSQ.

A.  Sortes d’actions menées par un groupe de la société civile:

Types de démarches faites auprès des députés et ministres:

1. des envois massifs par la poste, la télécopie ou le courriel avec le même texte à peu de choses près;

2. des pétitions sous différentes formes, plus ou moins détaillées et réclamant une intervention particulière;

3. des chaînes téléphoniques pour appuyer une cause ou une démarche plus ou moins documentées;

4.  des manifestations de toutes sortes devant nos bureaux ou devant le siège de l’Assemblée Nationale ou devant une quelconque adresse civile;

5.  des demandes de rencontres multiples et répétées avec ou sans documentation et plus ou moins bien préparées;

6.  des menaces de toutes sortes si on ne se rend pas aux arguments des demandeurs…….

Ce qui  m’a ébranlée:

1. Des rencontres en nombre limité (environ 6 en plus du député et de son attaché politique) au cours desquelles chacune des personnes avait une information complémentaire pour appuyer la démarche entreprise et surtout avait la capacité de répondre aux questions soulevées.
2. Des échanges francs et clairs sur le sujet.
3. Des preuves en appui aux arguments et aux demandes.
4. Une sincérité dans la démarche:  il s’agit de l’intérêt général et non des intérêts particuliers.

En fait, des enjeux qui permettaient de répondre à la question:  en quoi l’ensemble du Québec y gagnerait ou y perdrait.

Le rôle du député est de servir le bien commun et l’intérêt général, dans le respect de la population du Québec.

B.  Légitimité des groupes comme la CSQ et leurs rôles

Les groupes comme le mouvement syndical ont un rôle important dans notre société.  Ils sont là pour orienter l’évolution de la société québécoise vers des choix responsables et éclairées sur des enjeux qui les concernent directement.  Bien sûr ils travaillent à l’amélioration de la qualité de vie de leurs membres.  Toutefois, cet objectif n’est pas en contradiction avec l’amélioration de la qualité de vie de la société québécoise.

Cela étant dit, il est clair qu’à l’occasion ils arrivent en apparente confrontation, sinon en apparente contradiction, avec d’autre groupes d’intérêts qui défendent eux aussi l’intérêt de leur membres.  Parmi eux on trouve les regroupements des employeurs dont le gouvernement fait également partie.

Il faut en être conscient.  Cela ne doit pas empêcher l’analyse objective et rigoureuse des enjeux qui les concernent et des influences qu’ils souhaitent exercer.  Il faut dans tous les cas rester vigilants.  Cela doit se faire dans le respect de part et d’autres d’ailleurs.

Dans l’élaboration des politiques publiques les groupes de la société civile ont à mon avis un rôle très important à jouer tout comme ils ont des responsabilités à cet égard.  La première de ces responsabilités est de donner toute l’information essentielle et pertinente pour améliorer la prise de décision politique.

Dans l’élaboration des politiques publiques le mouvement syndical est d’autant plus important qu’il possède une connaissance approfondie de certaines enjeux.  Sa présence dans toutes les régions du Québec, urbaines ou agricoles, lui donne accès à quantité d’informations qui sont cruciales à la prise de décision gouvernementale.  On peut aisément dire que ce mouvement englobe toute les personnalités du Québec.

Son action dans le passé a permis d’améliorer non seulement les conditions de vie de ses membres mais aussi celles des communautés dans lesquelles ils sont implantées.  Ce faisant le Québec a progressé.  Je ne sais pas comment leur action apportera une valeur ajoutée dans l’avenir, cela relève de leur réflexion, qui semble d’ailleurs assez bien entamée si j’en juge par le thème d’aujourd’hui, mais cela relève aussi des choix qui seront faits par les membres de ces organisations, et de la population qui décidera ou non de les suivre.

En m’appuyant sur ma propre expérience,  j’ai toujours apprécié la contribution faite au cours des représentations des groupes sociaux et syndicaux à l’égard des politiques que j’envisageais mettre de l’avant.  Le cas de l’énergie éolienne en est un exemple frappant.  Sans l’appui et les efforts faits par certains représentants syndicaux ou sociaux, la décision et surtout l’appui du Conseil des ministres à cet engagement en énergie éolienne n’aurait sans doute pas vu le jour.

Une fois les bonnes questions soulevées, le mandat donné à un sous-ministre de valider les réponses proposées par les différents groupes de la société civile, a permis de répondre clairement à des questions de fonds qui nous ont permis de bâtir une vision de développement d’énergie éolienne pour le Québec.  Malheureusement, quand le Parti Québécois a perdu le pouvoir cette vision a été complètement modifiée et celle qui est mise de l’avant sert beaucoup moins bien l’intérêt général du Québec!

Quand on doit faire un choix de société qui commence par un certain nombre de politiques publiques, l’ouverture d’esprit est cruciale.  Quand un groupe vient nous rencontrer il faut absolument à mon avis, qu’il présente les deux côtés de la médaille et fasse valoir clairement et surtout honnêtement, avec preuve et documentation à l’appui, le bien fondé de sa position.

La sincérité des échanges, la franchise des discussions et le respect des personnes sont des éléments fondamentaux pour moi.  Chacun a droit à son opinion et il faut le respecter.  Quand quelqu’un peut me démontrer comment ce qu’il propose peut améliorer la société québécoise, cela me rejoint.  Quand on me présente des intérêts particuliers je les comprends mais ne les partage pas toujours.

Il m’est très difficile d’entendre une personne qui me dit: « moi je défends mes membres »…   J’entends toujours moi je défends mon nombre de membres… et cela me laisse très critique et ne me convainc de rien.  Dans ce cas-là, je n’écoute plus beaucoup ou si j’écoute c’est par respect et avec le sourire en coin et c »est plutôt de la tolérance que de l’écoute…

C. La place des nouvelles technologies dans l’information et l’élaboration d’un rapport d’influence

C’est une grande question.  Il est clair que les nouvelles technologies de l’information constituent un outil très utile pour rejoindre les élus.  Personnellement je m’en suis servies depuis le début de leur disponibilité.

Dans une lettre de la députée envoyée par courriel à toutes les deux semaines, je sondais les citoyen(n)es du comté sur des questions qui faisaient l’objet de projet de loi et d’attention publique.  Une simple question du type « êtes-vous d’accord » et « pourquoi » me donnait beaucoup d’informations fort utiles par la suite.

Toutefois, ce type de consultation a ses limites et peut facilement faire l’objet de manipulations.  Néanmoins elle demeure un outil très puissant pour un député.

Pour ce qui est de la capacité des députés d’utiliser ces nouveaux outils, je crois que l’on sous-estime beaucoup l’utilisation par les députés de cette forme de technologie.  Aujourd’hui les députés sont aptes et très bien formés aux nouvelles technologies.  Le système d’éducation du Québec a aussi fait son oeuvre sur notre classe politique.

Ils utilisent tout ce qui peut leur faciliter la vie et les technologies de l’information sont très précieuses à cette fin.

Personnellement je ne suis pas très partisane des forums de discussions mais je suis très réceptive aux échanges individuels sur des sujets précis.  Mais il faut rester vigilant car il y a, là aussi, des personnes qui s’amusent à argumenter pour argumenter seulement.

Tout échange intelligent et constructif est utile pour un élu quel que soit le mode de transmission.

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